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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 18:21

Il est indiqué partout, sans exception, que le tabac provoque près de 90% des cancers du poumon chez les hommes et qu’il survient après environ 30 ans de consommation. Ces chiffres sont, paraît-il, validés par des centaines d’études scientifiques incontestables. Afin de diminuer l’incidence de ce cancer très dangereux, sachant qu’il n’a pas été trouvé de remède efficace pour le guérir, la solution la plus efficace ne peut être que de réduire le nombre de fumeurs dans la population.

Une baisse du nombre de fumeurs devrait entraîner automatiquement une baisse des cancers du poumon 30 ans après.

Qu’en est-il exactement ?

Le premier élément important à connaître est la proportion de fumeurs depuis 90 ans.

Le pourcentage de fumeurs a été maximum entre 1920 et 1950, soit pendant 30 ans. Largement plus de 70% des hommes fumaient régulièrement à cette époque.

Il est utile de rappeler que, depuis la première guerre mondiale jusqu’en 1972, l’armée fournissait gratuitement à tous ses personnels, dont ceux qui faisaient leur service militaire, des cigarettes de troupes, ainsi que des paquets de tabac leur permettant de fumer un équivalent de 20 cigarettes par jour. Ce service militaire était obligatoire, et au minimum d’un an. Pendant toute cette période, fumer était la norme. Le non-fumeur était l’exception et très souvent stigmatisé comme l’a très bien rappelé Martine Perez dans son livre.

Jusqu’en 1970, les fumeurs fumaient des cigarettes avec des taux impressionnants de goudrons, nicotine et monoxyde de carbone. A titre d’exemple, fumer une gauloise bleue sans filtre des années 50 provoquait  35 mg de goudrons annoncés comme cancérigènes, soit 10 fois plus que les cigarettes actuelles.

Faut-il ajouter que durant ces cinquante ans, le tabagisme passif qui concernait le reste de la population était total, du lever au coucher où que l’on se trouve, chez soi, au travail, dans les cafés et restaurants, dans les voitures, dans les avions, dans les transports en communs et même dans les hôpitaux ? Il n’existait pas un lieu où l’on ne fumait pas en permanence. Les femmes enceintes fumaient sans se poser de questions, et les enfants vivaient dans une atmosphère enfumée.

A partir des années 50, à la suite de campagnes alarmistes sur les dangers du tabac pour la santé, le pourcentage de fumeurs réguliers a diminué rapidement chez les hommes. On peut estimer qu’en 1965, 40% des hommes fumaient et qu’actuellement, ils sont environ 30%.

Ces données sur le pourcentage de fumeurs, à partir de 1950, sont confirmées par une publication de l’Institut National de veille sur la santé de 2003.

http://www.invs.sante.fr/beh/2003/22_23/beh_22_23_2003.pdf

En conclusion, pendant 30 ans, de 1920 à 1950, plus de 70% des hommes fumaient régulièrement. A partir de 1950, pendant 15ans, ce pourcentage a baissé rapidement pour atteindre 40% en 1965. Depuis 45 ans, il a encore baissé régulièrement après pour atteindre 30% actuellement.

Compte tenu du délai de 30 ans et du début de la baisse du nombre de fumeur en 1950, on devrait donc constater une baisse significative et régulière de l’incidence des cancers du poumon depuis 1980, d’environ 40%.

Or, suivant les chiffres officiels, peu susceptibles d’avoir été manipulés, le nombre de nouveaux cas de cancers de trachée, bronches, poumon, dans l’année, était de 16 300 en 1980, 19 500 en 1990, 23150 en 2000 et 27 000 en 2010. On assiste donc à une forte augmentation depuis 30 ans.

Mais la population a augmenté depuis 1980 et sa structure par âge a été modifiée. Les cancers du poumon ne se développent pratiquement qu’à partir de 45 ans. Il est donc pertinent de rapporter les nouveaux cas de cancer du poumon à la population des plus de 45 ans, seule concernée par cette maladie. Elle était de 8,542 millions en 1980, 9,033 en 1990, 10,733 en 2000 et de 12,384 millions en 2010. On peut en déduire un taux  brut sur 100 000 personnes.

Le taux brut de cancer du poumon, trachée, bronches, chez les plus de 45 ans, était donc de 191 en 1980. Il est passé à 216 en 1990, et est resté stable en 2000 toujours à 216. Il a légèrement augmenté après pour atteindre une valeur de 218 en 2010.

On constate donc qu’une baisse de près de 40% du nombre de fumeurs n’a provoqué aucune baisse des nouveaux cas de cancers du poumon, trachée, bronches, mais au contraire une très légère augmentation.

Ces résultats sont totalement incompatibles avec l’affirmation indiquant que 90% des cancers du poumon sont dus au tabac.

La diminution importante du nombre de fumeurs n’a eu aucun effet sur l’évolution globale des nouveaux cas de cancer du poumon, trachée et bronches.

Ces faits incontestables, connus de tous les épidémiologistes et de la plupart des médecins, sont totalement occultés et sont même falsifiés dans tous les documents concernant les effets du tabac.

Par exemple, quand on consulte le « Rapport sur la situation du cancer en 2012», publié par l’Institut national du cancer( page 70), on peut lire :

http://www.e-cancer.fr/publications/69-epidemiologie/629-la-situation-du-cancer-en-france-en-2012

« Les tendances évolutives de l’incidence du cancer du poumon sont différentes selon le sexe. Chez l’homme, l’augmentation de l’incidence observée jusqu’à la fin des années 1990 s’est infléchie en 2000. Cette évolution de l’incidence s’inscrit dans le contexte de diminution de la consommation tabagique en France…»

Comment ne pas être choqué par une telle affirmation totalement contraire à la réalité des faits, et reprise par tous les médias. Compte tenu de tout ce qui a été annoncé depuis cinquante ans, les organismes officiels, les épidémiologistes, se sentent obligés de montrer qu’appeler à ne pas fumer, a été bénéfique en terme de santé publique. Le moins que l’on puisse affirmer est que les faits ne le confirment pas.

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commentaires

K
Les chiffres de vos différents articles sont plus que troublants.... Malgré tout, on pourrait envisager que le tabac d'aujourd'hui est plus nocif que celui des années 50. Il y a moins de goudrons, mais les additifs ?<br /> <br /> Merci pour vos articles, c'est très intéressant !!!
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O
Pour répondre à votre question, il suffit de constater que le pourcentage de personnes n'ayant jamais fumé et atteintes d'un cancer du poumon actuellement représente près de 30%, en augmentation très importante depuis les années 2000. De nombreux cancérologues en font état. Ce résultat est en contradiction totale avec l'affirmation que 90% des cancers du poumon sont dus au tabac. Les épidémiologistes sont face à un problème qu'ils vont devoir résoudre rapidement. Mais il est toujours très difficile pour des spécialistes d'accepter d'affirmer qu'ils se sont trompés pendant plus de...cinquante ans.
M
Le tabac n'est pas une plante destinée à être inhaler, ce que vous décrivez c'est le passage d'une mode à l'autre ou du tabac brun plus difficilement inhalable au tabac blond qui l'est facilement.<br /> Il est vrai en 1950 72% des homes fumaient et seulement 17% chez les femmes, pour rendre le tabac inhalable il faut lui ajouter (pas seulement) du sucre afin de diminuer le ph de la fumée. Le tabac blond celui de Virginie si prête particulièrement grâce au mode de séchage (flue-curing) découvert par un esclave (stephen slade) en 1869, la feuille devenait alors jaune vif tout en augmentant la concentration en sucre....Les Français fumaient avant 1945 exclusivement du tabac brun, à la fin de la guerre avec le plan Marshall le tabac blond est arrivé en Europe, après 1950 est les premières études de Wynder et surtout Richard Doll, certes la consommation à commencé à baisser, mais l'inhalation de plus en plus profonde est devenue la norme, d'ailleurs chaque fumeurs se souvient des phrase du type " il fume comme une gonzesse" ou "il crapote" "il fume comme un débutant" "il fume comme un homme" etc....<br /> Essayer donc d'inhaler le tabac de mon arrière grand père ou un tabac du nord ou du Lot ou même du tabac gris..<br /> En 1950 selon Wynder environs 4% des fumeurs de pipe ont un cancer du poumon et 9% pour les fumeurs de cigare, ce qui veut dire soit ils inhalaient un peu de fumée, soit le tabagisme respirer par le fumeur provoque le cancer du poumon càd le tabagisme passif...<br /> Doll lui montre au contraire que le fait d'inhaler la fumée diminue le risque, comme par hasard.....Résultat, l'industrie à commencé par mettre des filtres, le tabac blond c'est généralisé et on connait la suite.......aujourd'hui le tabac ou plutôt la cigarette est en cause dans 80 % environs des cancers du poumon.
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O
J'ai noté ces dernières années une fâcheuse tendance chez les épidémiologistes à modifier l'évolution du pourcentage de fumeurs depuis 1950. Reprenez les études publiées dans les années 50, vous constaterez que les chiffres publiés par l'Inserm ne correspondent pas à la réalité. Ayant de plus vécu à cette époque, je peux en témoigner. Prétendre que les hommes fument autant actuellement qu'en 1990 et que les femmes fument plus actuellement que dans les années 50 relève de la désinformation.<br /> Quand Doll avait commencé son étude sur les médecins anglais, il y avait dans son échantillon environ 35 000 hommes et 6 000 femmes. Chez les femmes, 50% fumaient et tous les ages étaient concernés. Quand il a publié ses premiers résultats quelques années après, il a indiqué que les femmes n'avaient pas de cancers du poumon. Contrairement aux hommes pour lesquels il a publié des résultats tous les dix ans, il n'a publié qu'une seule étude pour les femmes qu'au bout de 22 ans. Il avait constaté 1100 décès chez elles, dont...27 cancers du poumon. Difficile avec de tel résultats de conclure que fumer provoque un cancer du poumon.
M
bonsoir, merci pour vôtre réponse<br /> En 1953, 72 % des hommes et 17 % des femmes étaient des fumeurs réguliers.<br /> Pour les hommes, ce pourcentage a décru régulièrement pour atteindre les<br /> 40-45 % dans les années 1970-80, 35 % au milieu des années 1990, avec une<br /> certaine stabilité selon l'insem...http://www.inserm.fr/content/download/7148/55227/version/1/file/tabac+d%C3%A9pendance.pdf<br /> <br /> Selon l'inpes en 2010: "La consommation quotidienne touche pour sa part 31 % des hommes et 24 % des femmes. Cependant, l’écart entre hommes et femmes semble se resserrer."<br /> <br /> Le problème, c'est que dans ce cas on devrait trouver autant de cancers du poumon chez les non fumeurs et une égalité entre les hommes et les femmes... non ?<br /> ceci étant, c'est vrai qu si on prend l'évolution du parc automobile par exemple, 2 millions en 1950, 20 millions en 1980 et 40 millions en 2000.on peut se poser la question sur l'impact, concernant le cancer du poumon....ce qui m'intrigue c'est pourquoi la question sur l'inhalation a été supprimée dans la deuxième étude de Richard Doll et en générale de presque toutes les études épidémiologiques, après 1950 ?<br /> Imaginons, que le mode de consommation soit restée principalement par des fumeurs de pipe et de cigare, qui en général n'inhale pas la fumée..On aurait pu conclure que le cancer du poumon était dû à la fumée respiré par le fumeur, c'est à dire le tabagisme passif et au regard de l'agrandissement du parc automobile, c'était une très mauvaise chose à l'époque....c'est juste une hypothèse...
O
Une étude indique qu'inhaler la fumée augmente le risque de cancer, une autre indique le contraire. Cela ne semble pas vous rendre sceptique sur la pertinence des études épidémiologiques.<br /> Si fumer est la cause de 80% des cancers du poumons, on devrait assister depuis une vingtaine d'année à une forte diminution des cancers du poumon. Il y avait plus de 80% de fumeurs chez les hommes de plus de 35 ans en 1950, 40% en 1980 et 20% actuellement. Chez les femmes, il y avait 50% de fumeuses en 1950, 25% en 1980 et 15% actuellement. Or non seulement l'incidence du cancer du poumon chez les hommes n'a pas baissé depuis 1980, mais il a fortement augmenté chez les femmes.<br /> A la lecture de ces chiffres, on ne peut qu'en conclure que le tabac n'est pas la cause du cancer du poumon. Il faut trouver une autre cause.
A
Tobacco is the main reason for lung cancer. The statistics that you have shared here reinforce the idea. I do hope that the tobacco smokers will understand that they are doing great damage to the nature as well as to other people.
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O
Il semble que vous étiez un peu jeune dans les années soixante pour vous rendre compte du nombre de fumeurs chez les hommes et les femmes. Pour vous convaincre du tabagisme de cette époque, je vous conseille de regarder des films réalisés à cette époque. Je vous invite aussi à lire les études épidémiologiques datant des années cinquante qui montrent des taux de fumeurs qui n'ont rien à voir avec ce que vous prétendez.
M
Ces chiffres sont faux. J'ai 55 ans et dans mon enfance (année 60) ll n'y avait pour ainsi dire pas de femmes qui fumaient. vers 1975 c'est devenu la mode et elles ont été nombreuses à le faire, je dirais 60 % chez les jeunes. Donc dans les années 80 le chiffre était plus grand que dans les années 50 où il devait être quasi-nul. Dans les années 80 ce n'était pas encore la mode d'arrêter de fumer
C
Salut<br /> très beau article et même si je ne fume pas, je le trouve intéressant.<br /> <br /> A plus.
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