Il est indiqué partout, sans exception, que le tabac provoque près de 90% des cancers du poumon chez les hommes et qu’il survient après environ 30 ans de consommation. Ces chiffres sont, paraît-il, validés par des centaines d’études scientifiques incontestables. Afin de diminuer l’incidence de ce cancer très dangereux, sachant qu’il n’a pas été trouvé de remède efficace pour le guérir, la solution la plus efficace ne peut être que de réduire le nombre de fumeurs dans la population.
Une baisse du nombre de fumeurs devrait entraîner automatiquement une baisse des cancers du poumon 30 ans après.
Qu’en est-il exactement ?
Le premier élément important à connaître est la proportion de fumeurs depuis 90 ans.
Le pourcentage de fumeurs a été maximum entre 1920 et 1950, soit pendant 30 ans. Largement plus de 70% des hommes fumaient régulièrement à cette époque.
Il est utile de rappeler que, depuis la première guerre mondiale jusqu’en 1972, l’armée fournissait gratuitement à tous ses personnels, dont ceux qui faisaient leur service militaire, des cigarettes de troupes, ainsi que des paquets de tabac leur permettant de fumer un équivalent de 20 cigarettes par jour. Ce service militaire était obligatoire, et au minimum d’un an. Pendant toute cette période, fumer était la norme. Le non-fumeur était l’exception et très souvent stigmatisé comme l’a très bien rappelé Martine Perez dans son livre.
Jusqu’en 1970, les fumeurs fumaient des cigarettes avec des taux impressionnants de goudrons, nicotine et monoxyde de carbone. A titre d’exemple, fumer une gauloise bleue sans filtre des années 50 provoquait 35 mg de goudrons annoncés comme cancérigènes, soit 10 fois plus que les cigarettes actuelles.
Faut-il ajouter que durant ces cinquante ans, le tabagisme passif qui concernait le reste de la population était total, du lever au coucher où que l’on se trouve, chez soi, au travail, dans les cafés et restaurants, dans les voitures, dans les avions, dans les transports en communs et même dans les hôpitaux ? Il n’existait pas un lieu où l’on ne fumait pas en permanence. Les femmes enceintes fumaient sans se poser de questions, et les enfants vivaient dans une atmosphère enfumée.
A partir des années 50, à la suite de campagnes alarmistes sur les dangers du tabac pour la santé, le pourcentage de fumeurs réguliers a diminué rapidement chez les hommes. On peut estimer qu’en 1965, 40% des hommes fumaient et qu’actuellement, ils sont environ 30%.
Ces données sur le pourcentage de fumeurs, à partir de 1950, sont confirmées par une publication de l’Institut National de veille sur la santé de 2003.
http://www.invs.sante.fr/beh/2003/22_23/beh_22_23_2003.pdf
En conclusion, pendant 30 ans, de 1920 à 1950, plus de 70% des hommes fumaient régulièrement. A partir de 1950, pendant 15ans, ce pourcentage a baissé rapidement pour atteindre 40% en 1965. Depuis 45 ans, il a encore baissé régulièrement après pour atteindre 30% actuellement.
Compte tenu du délai de 30 ans et du début de la baisse du nombre de fumeur en 1950, on devrait donc constater une baisse significative et régulière de l’incidence des cancers du poumon depuis 1980, d’environ 40%.
Or, suivant les chiffres officiels, peu susceptibles d’avoir été manipulés, le nombre de nouveaux cas de cancers de trachée, bronches, poumon, dans l’année, était de 16 300 en 1980, 19 500 en 1990, 23150 en 2000 et 27 000 en 2010. On assiste donc à une forte augmentation depuis 30 ans.
Mais la population a augmenté depuis 1980 et sa structure par âge a été modifiée. Les cancers du poumon ne se développent pratiquement qu’à partir de 45 ans. Il est donc pertinent de rapporter les nouveaux cas de cancer du poumon à la population des plus de 45 ans, seule concernée par cette maladie. Elle était de 8,542 millions en 1980, 9,033 en 1990, 10,733 en 2000 et de 12,384 millions en 2010. On peut en déduire un taux brut sur 100 000 personnes.
Le taux brut de cancer du poumon, trachée, bronches, chez les plus de 45 ans, était donc de 191 en 1980. Il est passé à 216 en 1990, et est resté stable en 2000 toujours à 216. Il a légèrement augmenté après pour atteindre une valeur de 218 en 2010.
On constate donc qu’une baisse de près de 40% du nombre de fumeurs n’a provoqué aucune baisse des nouveaux cas de cancers du poumon, trachée, bronches, mais au contraire une très légère augmentation.
Ces résultats sont totalement incompatibles avec l’affirmation indiquant que 90% des cancers du poumon sont dus au tabac.
La diminution importante du nombre de fumeurs n’a eu aucun effet sur l’évolution globale des nouveaux cas de cancer du poumon, trachée et bronches.
Ces faits incontestables, connus de tous les épidémiologistes et de la plupart des médecins, sont totalement occultés et sont même falsifiés dans tous les documents concernant les effets du tabac.
Par exemple, quand on consulte le « Rapport sur la situation du cancer en 2012», publié par l’Institut national du cancer( page 70), on peut lire :
http://www.e-cancer.fr/publications/69-epidemiologie/629-la-situation-du-cancer-en-france-en-2012
« Les tendances évolutives de l’incidence du cancer du poumon sont différentes selon le sexe. Chez l’homme, l’augmentation de l’incidence observée jusqu’à la fin des années 1990 s’est infléchie en 2000. Cette évolution de l’incidence s’inscrit dans le contexte de diminution de la consommation tabagique en France…»
Comment ne pas être choqué par une telle affirmation totalement contraire à la réalité des faits, et reprise par tous les médias. Compte tenu de tout ce qui a été annoncé depuis cinquante ans, les organismes officiels, les épidémiologistes, se sentent obligés de montrer qu’appeler à ne pas fumer, a été bénéfique en terme de santé publique. Le moins que l’on puisse affirmer est que les faits ne le confirment pas.