Une telle annonce peut paraître scandaleuse et provocatrice.
Je ne fais pourtant que me référer aux résultats d’une étude épidémiologique incontestée, publiée en juin 2004 par Richard Doll, Richard Peto et al, intitulé « Mortalité en relation avec tabagisme : 50 ans d’observation de docteurs britanniques. », que l’on peut consulter sur le site internet suivant : http://www.bmj.com/content/328/7455/1519
Elle a suivi de 1951 à 2001, plus de 34 440 médecins, dont 83% fumaient au début de l’étude. Ils ont répondu à des questionnaires régulièrement et les causes de leur décès étaient analysées avec précision. Des résultats ont été publiés pratiquement tous les dix ans.
Tous les épidémiologistes ou les médecins dans le monde, spécialisés sur le sujet, se réfèrent à cette étude pour présenter leurs analyses. Il n’est pas exagéré d’écrire que cette étude est considérée par ces spécialistes comme « la vérité scientifique » des effets du tabac sur la santé.
Cette étude a l’avantage unique sur toutes celles qui ont été réalisées depuis 60 ans, de pouvoir mesurer sur le long terme la mortalité de ceux qui fument et de ceux qui ne fument pas. A ce titre, elle indique clairement que ceux qui ne fument pas de cigarettes ont très peu de cancer du poumon, alors que ceux qui fument des cigarettes en ont beaucoup plus, jusqu’à quarante fois plus pour les très gros fumeurs.
Elle étudie également les effets de l’arrêt de la consommation de cigarettes à des âges différents sur la mortalité.
Voici ce qu’elle nous indique, figure 4 :
Sachant qu’une figure précédente avait indiqué un écart de 10 ans d’espérance de vie entre fumeurs et non-fumeurs, voici le commentaire des auteurs de l’étude concernant ces graphiques :
« La mortalité des ex-fumeurs est montrée sur la figure 4, qui ( sachant la possibilité d’une cause contraire) indique que même un fumeur âgé de 60 ans peut gagner finalement 3 ans d’espérance de vie en arrêtant de fumer…Ceux qui arrêtent à environ 50 ans, gagnent environ 6 ans d’espérance de vie ; ceux qui arrêtent à environ 40 ans gagnent environ 9 ans ; et ceux qui arrêtent avant l’âge moyen gagnent environ 10 ans et ont un modèle de survie équivalent aux hommes qui n’ont jamais fumé. »
On constate donc que si on arrête de fumer des cigarettes avant 35 ans, soit après environ 20 ans de consommation, l’espérance de vie est identique à celle d’un non-fumeur et même…légèrement meilleure (6 mois à 70 ans).
Pour ceux qui ont arrêté de fumer entre 35 et 44 ans, les résultats sont pratiquement identiques avec 1 année de perte d’espérance de vie entre 70 ans et 80 ans seulement.
Ces observations n’étaient pas une découverte. Elles avaient déjà été publiées en octobre 1994 dans le rapport des 40 années de suivi de ces médecins britanniques. Elles ont été confirmées en 2004 et sont donc connues depuis près de vingt ans.
Quelles conclusions en tirer ?
- Fumer des cigarettes jusqu’à 35 ans, soit après un peu moins de 20 ans de consommation, n’a aucun effet sur son risque de mortalité futur, comparé avec un non-fumeur.
- Fumer des cigarettes jusqu’à près de 44 ans, soit après un peu moins de 30 ans de consommation, quelques soient les quantités, n’a pratiquement pas d’effets sur son risque de mortalité futur, comparé avec un non-fumeur.
- Ce n’est qu’à partir de 45 ans que le risque de mortalité augmente très sensiblement pour les fumeurs. La perte d’espérance de vie est alors estimée à 10 ans, pour ceux qui ne s’arrêtent pas de fumer.
Les épidémiologistes du monde entier, ainsi que la grande majorité des médecins spécialisés dans les affections liées au tabac, ont été ainsi informés de ces résultats dès 1994. Ces derniers modifiaient fondamentalement les connaissances que l’on avait précédemment. On savait que l’arrêt du tabac permettait d’améliorer l’espérance de vie, mais on ne savait pas que fumer n’avait aucune conséquence sur sa future mortalité, quand on s’arrête suffisamment tôt.
Ces résultats permettent donc d’affirmer qu’un fumeur âgé de moins de 35 ans n’a pas de séquelles dans son corps pouvant entraîner une surmortalité future par rapport au non-fumeur. C’est parce qu’il fume après 35 ans qu’il risque une mortalité précoce par rapport au non-fumeur.
Cela veut dire aussi que les produits annoncés comme cancérigènes dans la fumée de cigarette, ne sont pas actifs avant l’âge de 35 ans, puisqu’ils ne provoquent rien d’irrémédiable concernant des risques de surmortalité future.
Non seulement cette information fondamentale n’est jamais publiée, mais c’est son contraire que l’on peut lire.
Un exemple, parmi beaucoup d’autres se trouve dans la brochure sur les cancers du poumon, éditée par La Ligue contre le cancer en 2009, destinée au grand public :
« La durée de l’exposition à la fumée de tabac (nombre d’années pendant lesquelles on a fumé) et donc l'âge de début (plus on commence tôt, plus la durée est grande) est quatre fois plus déterminante que la quantité de cigarettes fumées. »
http://www.ligue-cancer.net/shared/brochures/cancers-poumon.pdf
La réalité est qu’un jeune de 20 ans qui fume plus d’un paquet de cigarettes par jour n’a pas plus de risques d’avoir un cancer du poumon ou une autre affection mortelle qu’un non-fumeur, s’il s’arrête de fumer avant 35 ans.
Cela ne veut pas dire que ces jeunes n’auront jamais un cancer du poumon. Cela veut simplement dire qu’ils n’en auront pas plus que les non-fumeurs.
Compte tenu du fait qu’il n’y a aucune raison d’estimer que les autres résultats de l’étude sur les médecins britanniques sont des vérités scientifiques et que ceux que je viens de présenter ne le sont pas, quel est l’épidémiologiste ou le médecin qui va « oser » présenter cette vérité scientifique ?
Serait-elle même tout simplement acceptée, compte tenu de toutes les informations contraires qui ont été diffusées ? Cette situation illustre bien la perte de crédibilité de la science aujourd’hui.
Des résultats scientifiques, non contestés, sont donc falsifiés dans le but d’empêcher les jeunes de fumer, alors que son espérance de vie n’est en rien entamée s’il arrête de fumer suffisamment tôt. Est-ce acceptable ? J’estime que non, car la science perd ainsi toute sa pertinence. C’est à cause de ces pratiques que l’on doute, aujourd’hui, des informations scientifiques et ce sont les scientifiques qui en sont responsables.
Il est intéressant de voir ce que vient d’écrire Martine Perez, médecin et rédactrice en chef au Figaro, dans son livre «Interdire le tabac, l’urgence », au sujet de cette étude. Elle y consacre quatre pages, dont ce commentaire :
« La dernière étude a été publiée en 2004, soit plus de cinquante ans après le lancement de l’enquête, alors que Richard Doll, désormais anobli par la reine et pouvant faire précéder son nom de « sir » vient de fêter ses 90 ans. Au bout de cinquante ans de comparaison entre médecins fumeurs et non-fumeurs, il est possible d’affirmer que les fumeurs perdent dix ans d’espérance de vie par rapport aux autres. Surtout, la probabilité de mourir prématurément avant 69 ans est deux fois plus importante pour les premiers que pour les autres…L’arrêt de la consommation à 60, 50, ou 40 ans fait gagner respectivement trois, six ou neuf années. L’abandon de la cigarette offre toujours un bénéfice pour la santé. De multiples enquêtes au cours des soixante dernières années, dans les pays industrialisés ont confirmé ces données. Et les ont précisées : 16% des fumeurs réguliers auront un cancer du poumon, le risque augmentant avec la consommation. Il n’y aurait pas de tabagisme sans risque. »
Pourquoi Martine Perez, qui reprend les informations de l’étude des médecins britanniques, occulte-t-elle les résultats sur les fumeurs qui ont arrêté de fumer des cigarettes entre 25 et 34 ans ? Faut-il rappeler qu’il y était indiqué :
« Ceux qui arrêtent avant l’âge moyen gagnent environ 10 ans et ont un modèle de survie équivalent aux hommes qui n’ont jamais fumé. »
Pourquoi conclut-elle qu’il n’y a pas de tabagisme sans risque, puisqu’elle sait qu’il n’y en a pas avant 35 ans ? D’autant plus qu’elle ajoute dans son livre :
« Même ceux qui ont « peu fumé » et finalement arrêté conserveront longtemps un risque supérieur aux non-fumeurs de développer une maladie grave liée à l’usage du tabac. »
Ou encore :
« Si la consommation globale française a tendance à baisser très légèrement, celle des jeunes fumeurs de 17 ans se maintient à un niveau élevé…La moitié d’entre eux mourront de leur addiction. »
« Mettez 16 fumeurs dans une pièce : l’un mourra d’un cancer du poumon, un autre d’un cancer de la vessie, 3 par maladie cardio-vasculaire…La moitié des fumeurs mourront des conséquences du tabac…»
« Les cardiologues estiment même qu’une seule cigarette pourrait par effet spastique sur les coronaires provoquer l’infarctus et la mort. »
Comment imaginer que Martine Perez falsifie la réalité scientifique sans s’en rendre compte ? On est loin de la méthode scientifique et de l’honnêteté intellectuelle, nécessaires à une connaissance objective des problèmes.
On peut se demander si son livre n’est pas plutôt guidé par un esprit de revanche, quand on y lit :
« Pendant longtemps, les fumeurs ont fait la loi. Si la cigarette de votre collègue vous dérangeait, c’était à vous de changer de place. Ceux qui se plaignaient étaient « liberticides », « sans fantaisie » et « dénués d’intérêt ». Aujourd’hui, la situation s’est inversée. Les fumeurs sont enfermés dans des fumoirs au sein de l’entreprise, entre eux. Comme des malades contagieux. Ils ne sont plus jeunes et beaux comme la publicité voulait les présenter, mais commencent à avoir le teint terreux et des rides prématurés…»
A-t-elle une approche scientifique quand, dans son livre publié en mai 2012, elle affirme que le tabac provoque 60 000 morts par an et que, dans un article du Figaro du 2 mars 2013, elle assure qu’il y a 73 000 morts annuels dus à la cigarette ? Un minimum de cohérence serait peut-être nécessaire.
La science n’est jamais gagnante avec de tels comportements.
Martine Perez n’est pas la seule à pratiquer le mensonge pour arriver à ses fins. La grande majorité des analyses d’épidémiologistes et de médecins présente les effets de l’arrêt du tabac sur l’espérance de vie, mais tous, occultent les conséquences d’un arrêt du tabac avant 35 ans.
Ce type de comportement, qui n’est pas réservé au domaine du tabac, est une des causes majeure du rejet de la science, car ils falsifient la réalité scientifique.
Quand on sait, de plus, que 84% des gros fumeurs n’auront jamais de cancer du poumon et que l’âge médian de sa survenance est de 68 ans, il me semble que toutes les recherches dans le monde auraient dû se concentrer sur l’explication de ces observations. Certains auront pourtant fumé jusqu’à un million de cigarettes tout au long de leur vie.
Certains biologistes avancent des explications génétiques qui sont aussitôt balayées, car elles sont incompatibles avec le discours officiel : il faut que tout le monde arrête de fumer.
Est-ce de la science ?