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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 12:47

Tous les jours, dans toutes les églises du monde, on entend proclamer que Dieu est amour.

Dès sa nomination, le Pape Benoît XVI a tenu à le confirmer dans sa première lettre encyclique dont le titre est « Dieu est Amour ». A la première page, on peut lire ceci :

 

«  Nous avons cru à l’amour de Dieu : c’est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa vie. A l’origine du fait chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive. Dans son Evangile, Jean avait exprimé cet événement pas ces mots : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui (...) obtiendra la vie éternelle »…C’est pourquoi, dans ma première encyclique, je désire parler de l’amour dont Dieu nous comble et que nous devons communiquer aux autres.  »

 

Dans le document de préparation au mariage de l’église catholique, on peut également lire :

 

« Dans l’amour humain, se révèle l’amour infini de Dieu pour chacun. La vie quotidienne des époux trouve sa source dans la fidélité inconditionnelle de Dieu… la Bible est une histoire d’amour. La Bible aide à comprendre comment s’est manifesté l’amour de Dieu. En l’écoutant, vous prendrez votre place dans l’extraordinaire histoire d’amour entre Dieu et l’humanité. »

 

La démonstration de l’amour de Dieu se trouverait donc dans la Bible, texte fondateur de la croyance monothéiste.

Il devrait donc suffire de la lire pour découvrir cette merveilleuse histoire d’amour entre Dieu et l’humanité. Les actions de Dieu y sont décrites dans les premiers chapitres.

La lecture de ces chapitres est édifiante. J’en reproduis ici quelques extraits sachant que je ne saurais trop conseiller de lire ces chapitres dans leur intégralité.

Ainsi dans la Genèse (6,5), qui précède l’Exode, sous les titres « La corruption de l’humanité » et les « Préparatifs du déluge », il est écrit :

 

« Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée. Yahvé se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre et il s’affligea dans son cœur. Et Yahvé dit : « Je vais effacer de la surface du sol les hommes que j’ai créés- depuis l’homme, jusqu’aux bestiaux, aux bestioles et aux oiseaux du ciel- car je me repens de les avoir faits…Pour moi, je vais amener le déluge, les eaux, sur la terre, pour exterminer de dessous le ciel toute chair ayant souffle de vie : tout ce qui est sur la terre doit périr.  »

 

Dieu est-il amour quand il décide d’exterminer tous les êtres vivants existant sur la terre, tous les hommes, femmes, enfants et animaux parce que leur comportement n’est pas satisfaisant à ses yeux ?

 

Dieu est-il amour quand il veut exterminer tous ceux qui se prosternent devant un autre que lui ? (Exode,32,7) :

 

"Yahvé dit alors à Moïse « Allons ! descends, car ton peuple que tu as fait monter du pays d’Egypte s’est perverti. Ils n’ont pas tardé à s’écarter de la voie que je leur avais prescrite. Ils se sont fabriqués un veau en métal fondu, et se sont prosternés devant lui. Ils lui ont offert des sacrifices et ils ont dit : « Voici ton Dieu, Israël, qui t’a fait monter du pays d’Egypte. » Yahvé dit à Moïse : « J’ai vu ce peuple ; c’est un peuple à la nuque raide. Maintenant laisse-moi, ma colère va s’enflammer contre eux et je les exterminerai ; mais de toi je ferai une grande nation."

 

Dieu est-il amour quand il condamne à mort celui qui blasphème simplement son nom ? (Lévitique 20,16) :

 

« Qui blasphème le nom de Yahvé devra mourir, toute la communauté le lapidera. Qu’il soit étranger ou citoyen, il mourra s’il blasphème le Nom. »

 

Ceux qui estiment que blasphémer Dieu doit être puni de la peine de mort, ne font qu’appliquer les lois de Dieu, écrites dans la Bible.

Qui a le droit de faire le tri dans les lois de Dieu ? Qui peut estimer qu’une de ces lois est à appliquer et l’autre à rejeter ?

Car Dieu a dit de tuer celui qui ose le blasphémer et a lui-même exterminé ceux qui ne se prosternaient pas devant lui.

Dieu est aussi très susceptible. Il est vital de bien choisir les qualificatifs qu’on lui donne. Ainsi, Aram, roi des Araméens en conflit avec les Israélites avait dit que Dieu était un Dieu des montagnes. Dieu n’avait pas apprécié ce mot restrictif à son égard et sa sentence fut lourde (Premier livre des rois 20,28) :

 

« L’homme de Dieu aborda le roi d’Israël et dit : « Ainsi parle Yahvé. Parce qu’Aram a dit que Yahvé était un dieu de montagnes et non un Dieu des plaines, je livrerai en ta main toute cette grande foule et tu sauras que je suis Yahvé. » Ils campèrent sept jours les uns en face des autres. Le septième jour, le combat s’engagea et les Israélites massacrèrent les Araméens, cent mille hommes de pied en un seul jour. Le reste s’enfuit à Apheq, dans la ville, mais le rempart s’écroula sur les vingt-sept mille hommes qui restaient. »

 

Dieu a tué 127.000 hommes parce qu’un individu avait osé prétendre qu’il était un Dieu des montagnes et non un Dieu des plaines. Où est l’amour de Dieu pour les hommes ?

Défier Dieu est encore plus risqué. Sennachérib, roi d’Assyrie, avait osé dire que Dieu ne l’empêcherait pas de prendre la ville de Jérusalem (Deuxième livre des rois 19,35) :

 

« Cette même nuit, l’ange de Yahvé sortit et frappa dans le camp assyrien cent quatre-vingt-cinq mille hommes. Le matin au réveil, ce n’étaient plus que des cadavres.  »

 

Dieu a tué 185.000 hommes parce qu’un individu avait osé contester ses pouvoirs. Comment qualifier une telle réaction ?

Dieu n’acceptait pas non plus la critique. Il avait contraint les Israélites à vivre dans le désert après leur sortie d’Egypte. Ils se plaignaient de leurs conditions de vie (Les Nombres 21/5) :

 

« Le peuple parla contre Dieu et Moïse : « Pourquoi nous avez-vous fait monter d’Egypte pour mourir en ce désert ? Car il n’y a ni pain ni eau ; nous sommes excédés de cette nourriture de famine. »

Dieu envoya alors contre le peuple les serpents brûlants, dont la morsure fit périr beaucoup de monde en Israël. »

 

Comment peut-on employer des qualificatifs tels que « Dieu n’est que compassion avec son peuple  » ou « Dieu est amour », à propos d’un tel Dieu ?

Quelques temps après, les Israélites s’établirent dans un endroit appelé Shittim et se livrèrent à la prostitution avec des filles d’une contrée voisine. Mais leurs actions furent plus graves encore car ces filles les invitèrent aux sacrifices de leurs dieux et ils se prosternèrent. Dieu fut naturellement très en colère et dit à Moïse (Les Nombres 25, 4) :

 

« Prends tous les chefs du peuple. Empale-les à la face du soleil pour Yahvé : alors l’ardente colère de Yahvé se détournera d’Israël. »

 

Dieu avait donc demandé à Moïse de le venger. Comme souvent dans pareil cas, celui qui se trouvait être la main de Dieu alla au-delà de ses requêtes. Moïse ne se contenta pas de tuer les chefs mais il ordonna de tuer tous ceux qui s’étaient prosternés devant d’autres dieux. Il n’y eut pas moins de 24.000 morts. Après quelques péripéties, Moïse constata que les femmes qui avaient été la cause de l’infidélité à Dieu, étaient épargnées. Il ordonna alors à ses chefs de guerre (Les Nombres 31,17) :

 

« Tuez tous les enfants mâles. Tuez aussi toutes les femmes qui ont connu un homme en partageant sa couche.  » 

 

Dieu ne trouvera rien à redire à ces massacres. Tuer des enfants sans défense et des femmes est tout à fait normal quand il se sent offensé.

Peut-on vraiment critiquer Moïse quand il ne fait qu’imiter son Dieu ? Les impies et ceux qui les fréquentent doivent mourir.

 

La Bible raconte qui est Dieu. On ne peut pas considérer que le Dieu des religions monothéistes puisse être différent de celui qui est décrit dans la Bible.

A la lecture de l’ensemble des chapitres de la Bible, décrivant les actions de Dieu, on constate que Dieu a tué ou fait tuer des millions d’hommes, de femmes et d’enfants.

Doit-on considérer comme le faisait Staline :

« Un mort, c’est un drame, un million de morts c’est une statistique. »

Par quelle dialectique, est-il possible de qualifier Dieu d’amour quand on lit la Bible ? Il semble nécessaire de se poser cette question.

Massacrer, torturer, menacer ne peuvent pas être des qualificatifs d’amour ou alors il faut changer la définition du mot « amour ». Demander aux hommes de commettre des atrocités et manipuler leurs esprits est à l’opposé d’un acte d’amour.

Comment l’église catholique peut-elle affirmer que la Bible est « une extraordinaire histoire d’amour entre Dieu et l’humanité » ?

Si l’on qualifie Dieu d’amour, ce Dieu ne peut correspondre à celui décrit dans la Bible. En conséquence, soit il en existe plusieurs, soit le Dieu présenté dans la Bible n’existe pas. Une telle conclusion n’est que du bon sens sauf si, naturellement, l’on estime que tuer des millions d’hommes, de femmes et d’enfants, et être d’amour sont compatibles. Mais dans ce cas, il faut le dire clairement et aussi revoir notre appréciation des massacres qui ont eu lieu dans l’Histoire.

De nombreux chrétiens constatent cette contradiction flagrante entre les discours parlant d’un Dieu d’amour et ce que l’on peut lire dans la Bible. Ils ajoutent néanmoins systématiquement que c’est avant tout des Evangiles dont il faut tenir compte et non de l’Ancien Testament, qui ne serait qu’une histoire inventée par des hommes. Une telle déclaration de la part de croyants remet en cause un certain nombre de faits considérés comme historiques par certaines religions, mais c’est un autre problème qu’il n’y a pas lieu d’aborder maintenant.

Il est donc important d’analyser également les textes des Evangiles où se trouvent les déclarations de Jésus, fils de Dieu. Sont-elles réellement une déclaration d’amour pour les hommes ?

 

 

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 12:42

Une dépêche de l’AFP du 14/06/2010, reprise par tous les médias, a donné une information de première importance sur la générosité des plus riches pour aider les pauvres.

Son titre et son contenu ne laissent aucun doute :

 

« LES DEUX HOMMES LES PLUS RICHES DU MONDE S’ALLIENT CONTRE LA PAUVRETE :

 

Les deux hommes les plus riches du monde, le Mexicain Carlos Slim et l’Américain Bille Gates, ont annoncé lundi qu’ils investiront, avec l’Espagne, 150 millions de dollars pour améliorer la santé des plus pauvres d’Amérique Centrale et du Mexique.

« Je suis très ému de créer une société avec l’Institut Carlos Slim. C’est vraiment la première société que nous montons ensemble mais je suis sûr que ce ne sera pas la dernière », a déclaré à Mexico Bill Gates, pendant la présentation du projet en présence de l’Infante Cristina d’Espagne...

« La santé est pour moi la première priorité », a dit Bill Gates... L’argent servira à financer des projets pensés et exécutés par la Banque interaméricaine de développement (BID), dans les soins maternels, la nutrition, la vaccination, le paludisme ou la dengue, qui devraient bénéficier à 10 millions de personnes. »

 

Cette dépêche montre ainsi que les hommes les plus riches du monde sont sensibles aux difficultés des pauvres et n’hésitent pas à investir des sommes très importantes pour les aider. N’est-ce pas un bel exemple d’humanité de la part de ces hommes qui sont tant décriés pour l’importance de leur richesse ?

 

Cette annonce mérite pourtant d’être analysée pour vérifier si l’on peut réellement parler d’une alliance contre la pauvreté.

 

On peut constater en premier lieu qu’une somme de 150 millions de dollars répartie sur 10 millions de personnes, représente un investissement de 15 dollars par individu. Si en plus, on sait que cette somme sera donnée sur cinq ans, cela fait 3 dollars d’investissement par an et par individu pour améliorer sa santé. Peut-on raisonnablement penser que c’est suffisant compte tenu du dénuement de ces populations ? De qui se moque-ton ?

 

Aider les pauvres grâce à la création d’une société dont l’objet est de financer des projets qui sont eux-mêmes initiés par une banque dont l’objet est aussi de financer des projets d’aide au développement est pour le moins paradoxale. Faut-il rappeler qu’une société a pour vocation d’être bénéficiaire et de distribuer des dividendes à ses actionnaires ? 

 

Il faut savoir que la dépêche indiquait aussi que Carlos Slim avait une fortune estimée de 53,5 milliards de dollars et Bill Gates 53 Milliards, mais également que cet investissement se faisait sur cinq ans à parts égales avec l’Etat espagnol. Pourquoi créer une société et ne pas faire un simple don à la BID pour lui permettre d’améliorer le financement de ses projets ?

 

De plus, un rapide calcul permet de constater que les 100 millions de dollars sur 5 ans, investis par Carlos Slim et Bill Gates représentent pour chacun d’eux un investissement de 0,0189% de leur capital chaque année. Cet investissement, qui n’est même pas un don, est donc équivalent à l’effort que ferait un Français ayant un patrimoine de 265.000 euros en faisant un don de 50 euros. De qui se moque-ton ?

 

Peut-on s’étonner qu’aucun français faisant un don de 50 euros à une association caritative n’ait le privilège d’une dépêche spéciale de l’AFP afin de montrer l’importance de sa générosité au monde entier ?

 

En conclusion, cette aide contre la pauvreté en Amérique Centrale de Carlos Slim et Bill Gates pour les pauvres d’Amérique Centrale est, relativement à leur niveau de patrimoine, inférieure à ce qu’un Français moyen donne régulièrement aux associations caritatives. Non seulement cela ne mérite pas une dépêche de l’AFP mais cela procède d’opérations de communication particulièrement indécentes.

 

Certes, leurs apports ne se limitent pas à cette opération. Bill Clinton estime que Carlos Slim est un des plus grands philanthropes du monde et Bill Gates a annoncé en 2007 qu’il va donner 95% de sa fortune à sa fondation. Toujours est-il que malgré toutes ces annonces, ils restent, aujourd’hui, les plus riches du monde.

 

La grosse majorité des français est sans aucun doute, beaucoup plus généreuse que ne le sont les plus riches du monde. Par leurs impôts et cotisations, ils sont les champions du monde de la générosité avec quelques pays scandinaves, compte tenu de la part relative de leurs revenus et capitaux qui servent à la redistribution aux plus démunis, même si ce n’est volontaire. Toujours est-il qu’ils ne sont jamais remerciés et encore moins mis en avant pour cette réalité.

 

Quand verra-t-on en France, une étude annuelle donnant l’importance de la part de leurs revenus et capitaux consacrés à la redistribution aux plus démunis sous forme de prestations sociales et aides multiples ?

 

L’objet de cet article n’a pas pour but de faire le procès des riches mais de leur communication. Car contrairement à une idée reçue, en France, la suppression des milliardaires n’améliorerait en rien les conditions des plus pauvres. En effet, le patrimoine des milliardaires dans le monde est d’environ 3.500 milliards de dollars. La confiscation pure et simple de ces fortunes permettrait au maximum de générer un revenu de 140 milliards par an (hypothèse d’un placement à 4%).

 

Cette somme est à comparer aux 3 milliards de pauvres dans le monde, vivant avec moins de 912 dollars par an, suivant les données de la Banque Mondiale.

Si l’on partageait entre tous les pauvres le revenu annuel de la confiscation du patrimoine de tous les milliardaires da la planète, le revenu annuel de ces pauvres augmenterait de 46 dollars soit 0,12 dollar par jour.

 

Il n’est nullement besoin de rajouter à cette démonstration les effets d’une telle confiscation sur l’emploi et l’économie, pour montrer que ce n’est pas en dépossédant les milliardaires de leurs biens que le sort des pauvres serait amélioré.

 

Certains diront qu’il vaut mieux ces investissements que rien. Certes, mais j’aurais aimé lire qu’il s’agissait de dons et non d’investissement qui vont produire des bénéfices. Sait-on que la fondation Bill-et-Melinda-Gates investit 95% de ses fonds dans des investissements rémunérateurs sans lien avec son objet et gérés par des financiers ?

 

On est face à ce qu’on appelle le « charity business », avec ses opérations de communication dont le but est de mettre en valeur la philanthropie des milliardaires et améliorer leur image. On oublie trop souvent que leurs fortunes ont été démultipliées par l’accès aux paradis fiscaux.

 

Doit-on mettre à l’honneur ceux qui ne donnent qu’une partie des profits qu’ils ont fait illégalement ?

 

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 00:25

Un mensonge est une assertion sciemment contraire à la vérité, faite dans l’intention de tromper. (Le Robert)

 

Le pape Benoît XVI dit-il la vérité quand il écrit dans la lettre qu’il vient d’adresser aux catholiques d’Irlande :

 

« Chers frères et sœurs de l’Eglise en Irlande, c’est avec une profonde préoccupation que je vous écris en tant que Pasteur de l’Eglise universelle. Comme vous, j’ai été profondément bouleversé par les nouvelles apparues concernant l’abus d’enfants et de jeunes vulnérables par des membres de l’Eglise en Irlande, en particulier par des prêtres et des religieux. Je ne peux que partager le désarroi et le sentiment de trahison que nombre d’entre vous ont ressenti en prenant connaissance de ces actes scandaleux et criminels et de la façon dont les autorités de l’Eglise en Irlande les ont affrontés... »

 

Le pape indique ainsi clairement qu’il a découvert en même temps que tout le monde que des prêtres ont abusé d’enfants.

 

Il ajoute également :

 

« Aux victimes d’abus et à leurs familles, vous avez terriblement souffert et j’en suis vraiment désolé. Je sais que rien ne peut effacer le mal que vous avez supporté. Votre confiance a été trahie, et votre dignité a été violée. Beaucoup d’entre vous, alors que vous étiez suffisamment courageux pour parler de ce qui vous était arrivé, ont fait l’expérience que personne ne vous écoutait. Ceux d’entre vous qui ont subi des abus dans les collèges doivent avoir ressenti qu’il n’y avait pas moyen d’échapper à leur souffrance. Il est compréhensible que vous trouviez difficile de pardonner ou de vous réconcilier avec l’Eglise. En son nom, je vous exprime ouvertement la honte et le remord que nous éprouvons tous... »

 

Ainsi les victimes n’auraient simplement pas été écoutées quand elles ont essayé de faire cesser les actes dont elles ont été victimes.

 

Ces mots sont repris en France par tous les médias, pour montrer la totale sincérité du pape alors que des dénonciations d’actes de pédophilie au sein de l’église catholique font scandale actuellement en Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Brésil, Espagne, Italie après celles des Etats-Unis et de l’Irlande.

 

La seule question qui se pose réellement est de savoir si Benoît XVI, était informé de ces agissements et s’il les a couverts au lieu de les dénoncer.

Il ne fait aucun doute que la réponse est oui.

 

Il faut savoir que le 16 mars 1962, la Sacrée Congrégation du Saint Office, avait transmis aux archevêques, aux évêques et aux autorités diocésaines y compris celles du rite oriental une instruction écrite, intitulée « Crimen Sollicitationis  », détaillant comment devaient être abordées les « fautes » commises au sein de l’Eglise, dans le domaine sexuel incluant les actes de pédophilie.

 

Il y était mentionné en préalable que « ce texte doit être scrupuleusement classé dans les archives secrètes de la Curie comme strictement confidentiel, il n’a pas à être publié ni joint à aucun commentaire  ».

 

Cette instruction, approuvée et confirmée par le pape Jean XXIII le jour de sa diffusion, indiquait dans le paragraphe 13 de ses préliminaires les procédures à suivre en cas d’accusations contre des prêtres pouvant s’être livrés à des abus sexuels :

 

« Dans ces cas, les accusateurs, ou les dénonciateurs (du prêtre) et les témoins doivent prêter serment de garder le secret.  »

 

La formule E de cette instruction décrivait dans le détail la manière d’enregistrer les dénonciations. Au début de son audition, le dénonciateur devait prêter serment de dire la vérité « en touchant la Bible avec sa main ». Il était également précisé qu’à la fin de son audition, le dénonciateur devait « prêter serment d’observer le secret en touchant à nouveau la Bible », et que ce serment devait être écrit et signé par lui.

 

Doit-on s’étonner, qu’avec de telles procédures, il a fallu attendre l’année 2004 pour apprendre que plus de 10.000 enfants avaient été abusés sexuellement par des prêtres en Irlande depuis 1950 ?

 

Cette instruction imposait également le secret à tous ceux qui, au sein de l’église catholique, étaient chargés et informés de ces affaires sous peine d’excommunication immédiate (latae sententiae), peine la plus lourde du Droit Canon.

 

La personne chargée de l’audition du dénonciateur devait transmettre les procès verbaux à l’autorité qui l’avait déléguée et avait pour obligation de ne conserver aucun document.

 

Le Vatican considérait donc que les viols d’enfants par des prêtres étaient une affaire strictement interne à l’église et qu’il fallait mettre en place des procédures rigoureuses pour qu’elles ne soient jamais dévoilées. Il faut savoir également que dans la quasi totalité des cas, la seule sanction qu’ont eu à subir ces prêtres pédophiles fut une mutation dans une nouvelle paroisse où ils récidivaient.

 

A partir de 1981, le cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, fut nommé préfet de la Congrégation pour la Doctrine et la Foi, département du Vatican ayant pour objectif de promouvoir et de protéger la doctrine et les mœurs. Il a donc été l’homme chargé d’appliquer cette directive pendant 24 ans jusqu’à ce qu’il soit élu pape.

Or, il était clairement précisé dans les articles 67 et 74 de cette instruction, que la Congrégation pour la Doctrine et la Foi devait être informée de toute procédure interne contre un prêtre ou un religieux et être destinataire des documents judiciaires et administratifs des décisions concernant les cas les plus graves provenant de tous les pays.

 

Le pape Benoît XVI a donc reçu sur son bureau au minimum des centaines de procédures internes d’actes de pédophilie, conformément à l’instruction « Crimen Solicitationis », qui n’a jamais été supprimée et est toujours en vigueur aujourd’hui. Il a ainsi été régulièrement informé de ces crimes pendant des dizaines d’années et les a couverts. Il avait le pouvoir de faire cesser ces maltraitances et ces viols commis par des milliers de prêtres sur des dizaines de milliers d’enfants, il ne l’a pas fait.

 

Est-il acceptable qu’aujourd’hui, il prétende ne pas avoir été au courant ?

Est-il acceptable que lors d’un voyage aux Etats-Unis en avril 2008, il ait affirmé :

 

« Il est difficile pour moi de comprendre comment les prêtres ont pu ainsi trahir leur mission…Je suis profondément honteux…Un pédophile ne peut pas être prêtre. »

 

Il a pourtant côtoyé des centaines de prêtres qu’il savait pédophiles et n’en a dénoncé, ni renvoyé aucun. Par contre, il imposait le silence aux victimes et à tous ceux qui étaient informés. Faut-il ajouter qu’il en était de même pour tous les évêques et que le secret de la confession n’est pas applicable dans ces cas ?

 

Existe-t-il un autre mot que « mensonge » pour qualifier les paroles du pape qui fait semblant de découvrir des horreurs qu’il a lui-même couvert ?

 

Aucun responsable politique ou social dans un pays démocratique ne pourrait continuer son activité après la divulgation de faits d’une telle ampleur. Ils seraient automatiquement traduits et condamnés en justice pour ne pas avoir informé les autorités judiciaires ou administratives et ne pas avoir empêché que de nouveaux crimes soient commis.

 

Pourquoi le pape et les évêques bénéficient-ils d’une telle mansuétude quand leur silence et leurs décisions ont eu et ont encore pour conséquence de briser totalement la vie de dizaines de milliers d’individus ?

 

Imagine-ton le courage dont doivent faire preuve toutes ces victimes pour raconter ce qu’elles ont vécu?

 

Vous pouvez télécharger l'instruction Crimen Solicitationis en cliquant sur le lien ci-dessous:

 

  CrimenSolicitationis CrimenSolicitationis

 

 

 

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 00:21

 

Ces dernières semaines, de nombreux articles ont traité du financement des retraites et de l’Etat. La loi sur les retraites étant votée, il semble difficile de ne pas constater que son application n’aura que peu d’influence sur le déficit de l’Etat. Le déficit de l’Etat restera énorme : 152 milliards d’euros en 2010, avec une prévision de baisse pour les prochaines années qui semble illusoire compte tenu des dépenses qui ne cessent d’augmenter.

 

Qui n’était pas effaré, il y a seulement 8 ans, quand on parlait de dizaines de milliards de francs de déficit ? Aujourd’hui nous en sommes à 1900 milliards de francs en deux ans soit 290 milliards d’euros.

Est-il utile de rappeler qu’un déficit existe quand les dépenses sont supérieures aux recettes ? Fort heureusement la quasi totalité des Français est d’accord pour admettre qu’il n’est pas possible d’accumuler indéfiniment des déficits.

La solution que préconise une majorité d’entre eux est d’augmenter les recettes plutôt que de diminuer les dépenses.

Il suffirait pour cela de faire payer les riches et d’augmenter les prélèvements sur les entreprises.

 

Faire payer les riches ?

 

Cette idée est confirmée dans de nombreux commentaires en invoquant une étude du Crédit Suisse venant de paraître.

Cette étude indique qu’il y aurait en France 2,2 millions de millionnaires en dollars et qu’ils représentent 9% des millionnaires mondiaux. Ramené au nombre d’habitants, la France aurait ainsi plus de millionnaires en dollars que les Etats-Unis qui n’en possèdent que 9,94 millions. La France serait donc plus inégalitaire que les Etats-Unis considérés jusqu’à maintenant comme le symbole du libéralisme sauvage et de l’inégalité.

Personne ne sait comment le Crédit Suisse a trouvé ce chiffre mais c’est écrit... La France serait donc un pays riche dont les richesses seraient mal réparties, les riches n’étant pas assez solidaires.

Pour supprimer le déficit de la France, il suffirait donc de mieux répartir les énormes richesses de notre pays.

 

Qu’en est-il exactement ?

 

D’après la dernière déclaration d’ISF 2009, 560.000 ménages ont déclaré un patrimoine supérieur à 780.000 euros. Ne sont pas compris dans ces patrimoines la valeur des entreprises détenues et dirigées par une même personne ainsi que les oeuvres d’art. Aucune statistique ne permet d’évaluer la valeur de ces entreprises mais le Crédit Suisse a peut-être des informations secrètes...

Le rendement de l’ISF est actuellement d’environ 3 milliards d’euros. On peut imaginer de tripler les taux de l’ISF. Les plus riches seraient ainsi obligés de payer tous les ans plus de 5% de leur patrimoine. Cela aurait certainement pour conséquence une fuite importante de capitaux mais rien n’empêche d’écrire que l’ISF rapporterait 6 milliards d’euros supplémentaires.

Au niveau des revenus, les dernières statistiques du Ministère des Finances sur les revenus 2007, indiquent que 420.000 foyers ont payé plus de 17.000 euros d’impôts sur le revenu. Cela équivaut environ à un revenu de 7000 euros par mois par foyer.

L’ensemble de ces foyers ont déclaré des revenus, y compris les revenus financiers, s’élevant à 80 milliards d’euros. Au lieu de les imposer à 40% pour la tranche maximum et 30% pour les plus values financières, on pourrait augmenter les taux de 20%, soit passer à respectivement 60% et 50%. Comme pour l’ISF, il est fort probable qu’un tel niveau d’imposition ne laisserait pas de marbre certains contribuables et que de nombreux revenus ne seraient plus déclarés en France. Mais rien n’empêche de faire le calcul des gains pour l’Etat. Ils s’élèveraient à environ 16 milliards d’euros.

 

Ainsi, en triplant l’ISF et en augmentant les tranches impôts sur le revenu de 20%, l’Etat encaisserait 22 milliards supplémentaires.

On aura ainsi couvert 15% du déficit de l’Etat et il resterait quand même 130 milliards de déficits à trouver.

On ne peut qu’en conclure qu’imposer les riches à un niveau qui ferait de la France le pays où les riches sont le plus imposés au monde, ne règlerait que très marginalement le déficit abyssal de notre pays. Il ne faut pas oublier non plus qu’aucun gouvernement ne pourra interdire à qui que ce soit de quitter le pays ou d’être payé à l’étranger.

Ce qui est sûr, c’est qu’il faut trouver une autre idée que celle de faire payer les riches si l’on veut ne plus avoir de déficits publics.

C’est d’autant plus important qu’il existe en France l’illusion de vivre dans un pays riche. C’était un pays riche mais il ne l’est plus.

Pour le montrer, il est intéressant de se pencher sur l’évolution de la dette et celle du PIB depuis 2000.

En 2000, la dette était de 826 milliards d’euros et le PIB de 1441 milliards.

En 2010, la dette est de 1614 milliards d’euros et le PIB de 1940 milliards.

La dette a donc augmentée de 788 milliards d’euros quand le PIB n’a augmenté que de 499 milliards.

Si l’on considère que cette dette a été réinjectée dans l’économie nationale et a donc participé au PIB, on peut en déduire que sans la dette le PIB aurait baissé de 289 milliards d’euros à dette constante. Entre 1980 et 2000, la dette a augmenté environ du même montant que le PIB.

L’augmentation de la richesse de la France depuis 1980 est donc une illusion car cette richesse s’est réalisée à crédit et que ce crédit n’a pas été remboursé. Non seulement il n’a pas été remboursé mais il y a près de 300 milliards d’euros à payer en plus.

Doit-on s’étonner que, selon l’INSEE, le patrimoine de l’économie nationale a baissé de 5% entre 2007 et 2009. Il est temps de s’inquiéter sur les méthodes de gestion de l’Etat Français qui ne varie pas depuis 30 ans.

Il est aussi courant d’affirmer que notre système fiscal et de cotisations est très inégalitaire et favorise outrageusement les riches. Le problème est que personne n’indique avec précision quel doit être précisément le niveau de solidarité des uns pour les autres.

Le rôle de l’Etat étant d’apporter les mêmes droits et avantages à tous les citoyens quelques soient leurs revenus, il peut être utile de se pencher sur la contribution de chacun au financement de ces droits communs.

La solidarité est censée s’exercer par les cotisations sociales et l’impôt sur le revenu.

Si l’on compare la participation au budget de l’Etat d’un salaire brut annuel de cadre supérieur de 240.000 euros par mois à celui du salaire brut median des salariés qui est de 24.000 euros, on constate les faits suivant :

Les cotisations sociales annuelles salariés et employeurs ( hors retraites compte tenu de leur redistribution non égalitaire), s’élèvent à environ 9.000 euros pour un salaire de 24.000 euros et 90.000 euros pour un salaire de 240.000 euros.

L’impôt sur le revenu s’élève à environ 1.400 euros pour un salaire de 24.000 euros et de 57.000 euros pour un salaire de 240.000 euros.

Les prélèvements annuels sur les revenus salariaux sont donc de 10.400 euros pour un salaire de 24.000 euros et de 147.000 euros pour un salaire de 240.000 euros.

On constate donc que, du seul fait de son salaire, le cadre supérieur payé 20.000 euros par mois contribue 14 fois plus au financement de l’Etat et de la sécurité sociale que celui qui touche le salaire médian à savoir 2.000 euros. Il n’en recevra aucun avantage supplémentaire de la part de l’Etat, qui le traitera à juste titre, de la même manière que celui qui n’a aucun moyen.

On peut considérer que ce niveau est trop faible ou trop fort mais ce type de calcul permet de mesurer la réalité de la solidarité des plus aisés au financement de l’Etat.

 

 

Faire payer les entreprises ?

 

De nombreux articles font état ces derniers jours du rapport du Conseil des Prélèvements Obligatoires qui fait état de 150 milliards de niches fiscales et sociales au bénéfice des entreprises. Il est régulièrement indiqué qu’il suffirait de les supprimer pour régler le déficit de l’Etat.

Il y a effectivement beaucoup d’éléments à tirer de ce rapport et il ne fait aucun doute que le montant de certaines niches peut être diminué.

Par contre, il ressort de ce rapport que le système des prélèvements et exonérations Français est d’une incroyable complexité et devient totalement illisible. On y apprend par exemple que les contrôles Urssaf des entreprises ont des résultats étonnants :

 

« La complexité du système conduit paradoxalement le redevable à retenir des options qui lui sont parfois défavorables.

Face à des dispositifs dérogatoires difficiles à appréhender, le redevable est conduit à faire des erreurs dans leur utilisation, qui lui sont parfois défavorables.

Ainsi, la part des entreprises bénéficiant d’un remboursement à la suite d’un contrôle parmi les entreprises contrôlées par l’URSSAF (ou « redressements négatifs ») ne cesse de croître (9 % en 2000, 32 % en 2008), de même que la part représentée par les « redressements négatifs » dans l’ensemble des redressements réalisés (6 % en 2000 et 36 % en 2008). »

 

Il faut le lire pour le croire. Une part importante de l’activité (36%) des contrôleurs de l’Urssaf sert à constater que les entreprises ont trop payé de cotisations et à les rembourser. Cela montre la grande honnêteté intellectuelle des contrôleurs de l’Urssaf mais aussi que notre pays marche sur la tête.

On a trop tendance à oublier également la conclusion de ce rapport :

 

« La tendance bien française à privilégier des prélèvements aux taux élevés frappant des assiettes étroites doit par ailleurs être inversée. Comme l’avait souligné le rapport du Conseil consacré aux prélèvements obligatoires des entreprises dans une économie globalisée, l’attractivité du territoire français vis-à-vis des entreprises s’en trouve sans doute handicapée, et ce sans gains budgétaires. La réduction des dispositifs dérogatoires applicables aux entreprises contribuerait à favoriser des bases larges et des taux bas...

S’il apparaît possible à l’issue de cette étude d’identifier des pistes d’économies significatives, l’examen de nombreux dispositifs dérogatoires applicables aux entreprises met également en évidence que le gain budgétaire attendu de la réduction de certaines dispositifs est sensiblement inférieur au coût de la mesure tel qu’il est évalué.

En effet, toute modification d’un dispositif dérogatoire conduit les entreprises à s’adapter rapidement à ce nouveau contexte, en optimisant leur charge de prélèvement. Les entreprises disposant d’une activité internationale bénéficient de possibilités d’adaptation accrues, dans un monde de plus en plus concurrentiel. La poursuite de l’harmonisation fiscale au niveau européen constitue dans ce cadre une nécessité.

En ce sens, la démarche de rationalisation et de réduction des dépenses fiscales et niches sociales doit être volontariste et pragmatique. Elle ne saurait toutefois suffire à elle seule à remédier à la dégradation de nos finances publiques. »

 

Ainsi, il ne faut pas rêver, quoiqu’en disent certains, la suppression des niches fiscales des entreprises n’est pas la solution au déficit. L’impôt sur les sociétés s’élève actuellement à 50 milliards d’euros et il sera très difficile de gagner quelques dizaines de milliards sans toucher à leur compétitivité.

 Le rapport indique clairement que le système est à réformer afin d’avoir des taux bas sur des bases larges et afin d’être plus compétitif au niveau international. On est loin d’une préconisation d’augmentation des cotisations et des impôts.

 

En conclusion, prétendre que l’on pourra régler le déficit de l’Etat Français en imposant plus les riches et les entreprises est faux car leurs revenus ne sont pas à la hauteur des déficits.

Qu’on le veuille ou non, la seule solution sera une diminution drastique des dépenses et plus on attendra pour la réaliser, plus la chute sera brutale.

 

 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 23:53

Toutes les religions affirment qu’elles ne reçoivent aucune subvention de l’Etat.

L’Etat affirme ne donner aucune subvention aux religions.

Est-ce bien la réalité ?

 

Il semble utile de rappeler au préalable certains articles de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat :

 

Article 2.

La république ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.

 

Concernant les associations cultuelles créées pour subvenir aux frais, à l’entretien et à l’exercice public d’un culte, on peut également lire :

 

Article 19.

Elles ne pourront sous quelques formes que ce soit, recevoir des subventions de l’état, des départements et des communes. Ne sont pas considérées comme subventions les sommes allouées pour réparation aux édifices affectés au culte public.

 

La loi est très claire, l’Etat ne peut fournir aucune aide financière aux différentes religions pour subvenir à leurs charges de fonctionnement.

 

Et effectivement, les religions catholique, protestante, musulmane et juive communiquent toutes qu’elles ne reçoivent aucune subvention de l’Etat et qu’il leur est nécessaire de faire appel à la générosité de leurs membres.

Ainsi les religions ne vivraient que des dons. On peut pourtant lire, par exemple, sur le site internet du diocèse de Paris :

 

« Si vous voulez donner 150 euros, vous pouvez verser 440 euros (car 290 euros seront déduits de vos impôts). »

 

L’association religieuse reçoit ainsi 440 euros d’une personne qui n’en a donné en réalité que 150 euros. C’est donc bien l’Etat qui paye la différence en acceptant de percevoir moins d’impôts de la personne qui fait un don à son église. En effet, l’Etat accepte que 66% d’un don à une association cultuelle soit déduit de son impôt sur le revenu dans la limite de 20% de son revenu imposable. Une entreprise peut également faire un don à une église. Elle pourra, dans la limite de 0,5% de son chiffre d’affaire, déduire de son impôt sur le revenu ou société, 60% du montant de ce don.

 

Le crédit d’impôt est un coût pour l’Etat. Or cette déduction fiscale est transférée intégralement aux différentes religions.

 

Comment ne pas appeler un tel avantage une aide financière de l’Etat aux églises et donc une subvention sous une forme indirecte. Il semble difficile d’admettre que cet avantage soit conforme à l’article 19 de la loi de 1905.

 

On trouve ainsi des centaines d’associations cultuelles catholiques, protestantes, musulmanes et juives qui reçoivent des dons déductibles à hauteur de 66% de l’impôt sur le revenu des donateurs.

 

Afin de pouvoir bénéficier de cet avantage fiscal sur les dons et legs, une association non cultuelle doit être reconnue d’utilité publique. Or suivant les indications contenues sur le site associations.gouv.fr, pour être reconnue d’utilité publique une association ou une fondation doit oeuvrer pour l’intérêt général et agir sur le plan national. Il semble difficile d’admettre que les associations cultuelles répondent à ces critères. Il s’agit donc d’un privilège donné aux religions. Mais il faut également reconnaître, en consultant la liste des associations reconnues d’utilité publique publiée par le ministère de l’intérieur, que la majorité d’entre elles ne répondent pas non plus à ces critères.

 

La question est de savoir quelle est l’importance de ce financement de l’Etat aux religions, sachant qu’il ne provient pas seulement de déductions sur l’impôt sur le revenu mais aussi sur l’ISF et des exonérations de droits de successions, de mutation et du prélèvement de 20% sur les assurances vie.

 

L’Etat ne donne aucune information sur le montant des déductions et exonérations d’impôts au profit des associations et fondations religieuses. Il est néanmoins évident qu’il se chiffre en centaines de millions d’euros.

 

Toutes les religions en profitent, mais l’église catholique en est la principale bénéficiaire compte tenu de son importance. A ce titre, il est très intéressant d’analyser les éléments qu’elle fournit sur ce sujet. Ils sont édifiants et méritent d’être connus.

 

La consultation du site internet de la Conférence des Evêques, eglise.catholique.fr, permet de connaître les différentes ressources de l’église catholique en cliquant sur « Donner et léguer à l’église catholique ».

 

Il est indiqué au préalable, que la première source de revenus est le « denier de l’église » qui représente « 30% des ressources globale de l’église catholique. Une ressource essentielle destinée à assurer la vie matérielle des prêtres et la rémunération des laïcs salariés. »

En rentrant plus dans le détail, il apparait que les chiffres ne sont pas toujours très clairs, mais il est possible d’en faire une synthèse.

 

On peut ainsi lire sur l’article « Les ressources de l’église » :

 

« En 2007, ont été collectées en France métropolitaine, 481,46 millions d’euros (legs non compris) répartis de la manière suivante :

Denier de l’église (dons collectés annuellement), 208,8 millions (soit 43,4%).

Quêtes, 141,52 millions d’euros (soit 29,4%).

Casuel (offrandes faîtes à l’occasion des mariages, enterrement, baptêmes), 74,28 millions d’euros (soit 15,4%).

Offrandes de messe (dons effectués pour faire célébrer une messe à une attention particulière), 56,86 millions d’euros soit (11,8%). »

 

Le denier de l’église catholique provenant de dons déductibles à hauteur de 66% de l’impôt sur le revenu est de 208,8 millions d’euros, on peut en déduire que l’Etat subventionne indirectement l’église catholique d’un montant de près de 140 millions d’euros tous les ans, ceci représentant 20% de son budget de fonctionnement. Est-ce normal ?

 

D’autant plus que ce ne sont pas les seules aides financières fournies par l’état.

Il est aussi possible pour un particulier de faire un don à l’église dont il déduira non plus 66%, mais 75% de son ISF dans la limite annuelle globale de 50.000 euros.

Suivant la même logique que pour le denier, quand un particulier donnera en réalité 15.000 euros, l’église recevra 60.000 euros parce que l’Etat aura fourni une aide de 45.000 euros. L’avantage est considérable, mais les associations diocésaines n’y ont pas droit. Seules certaines fondations reconnues d’utilité publique peuvent en bénéficier du type de la Fondation Abbé Pierre. L’église catholique possède une telle fondation : la Fondation nationale pour la protection sanitaire et sociale du clergé de France.

 

On peut se demander pourquoi elle a été reconnue d’utilité publique car elle sert depuis 1987 à recevoir des dons permettant aux diocèses de financer une partie de leurs cotisations sociales obligatoires (CAVIMAC) et complémentaires (Mutuelles Saint Martin). Cette activité s’est progressivement étendue aux religieux et religieuses. Son site internet précise également, que la fondation développe des actions pour la création, la mise aux normes et l’agrandissement de maisons de retraites, souvent médicalisées et qu’elle aide d’autres organismes, notamment la Délégation catholique pour la coopération, pour le financement de la couverture sociale des séminaristes volontaires à l’étranger. Pourquoi la couverture sociale des prêtres et des évêques est-elle d’utilité publique ?

 

Une telle fondation a normalement l’obligation de présenter un rapport financier. Or les seuls chiffres disponibles sur son site internet et téléchargeable comme étant le plan d’actions et d’objectifs pour la période 2007-2012, sont ceux de 2006 faisant état d’un nombre de dons reçus de 5922 pour un montant 1.105.909 euros, de l’octroi de 11 prêts pour un montant de 997.296 euros et des subventions accordées de 59.881 euros. Ces chiffres datent donc d’avant 2007, année qui a permis de recevoir des dons déductibles de l’ISF à hauteur de 75% grâce à la loi TEPA.

 

Doit-on s’étonner qu’un membre du Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative française, figure au conseil d’administration de cette fondation et qu’il ne soit pas attentif à ce que cette fondation publie un rapport financier détaillé et à jour ?

 

Juridiquement les associations diocésaines n’ont pas droit à des dons bénéficiant de cet avantage fiscal sur l’ISF. Pourtant, voilà ce qu’on peut lire sur le site internet du diocèse de Grenoble-Vienne :

 

« Donnez du sens à votre ISF en faisant un don au diocèse de Grenoble-Vienne pour ses prêtres...

Pour permettre au diocèse de Grenoble-Vienne de bénéficier de votre don, celui-ci devra être effectué à la Fondation nationale pour la protection sanitaire et sociale du clergé de France qui bénéficie, en qualité de fondation reconnue d’utilité publique, d’un dispositif fiscal particulier. En effet, les associations diocésaines n’ayant pas le statut de fondation, ne peuvent pas bénéficier des dons en réduction de l’ISF. La FNPSSCF reversera au diocèse de Grenoble-Vienne, l’intégralité des dons qu’elle recevra en sa faveur...

Un chiffre...5.645 euros, c’est le coût moyen annuel des cotisations vieillesse et santé pour chaque prêtre du diocèse de Grenoble-Vienne.

Un autre exemple...13.400 euros, c’est le coût moyen annuel de la formation d’un séminariste. »

 

Les cotisations vieillesse des prêtres et la formation des séminaristes peuvent donc être financées à hauteur de 75% par l’état grâce à un transfert d’une fondation habilitée à une association non habilitée à recevoir des dons déductibles de l’ISF. Est-ce bien normal ?

 

Après les dons déductibles à hauteur de 66% de l’impôt sur le revenu et les dons déductibles à hauteur de 75% de l’ISF, restent les legs donné à l’église catholique par testament.

Il faut savoir qu’ils sont exonérés totalement de droits de succession. Ce que l’on lègue à ses enfants ou à sa famille est imposable, mais pas ce que l’on lègue à l’église. Il est intéressant de consulter à ce sujet la brochure explicative « Legs-donations-assurances vie », téléchargeable au chapitre « dons et legs » sur le site internet de la Conférence des Evêques. Il s’agit d’un véritable traité de conseils fiscaux et mérite qu’on s’y intéresse. Voilà ce qu’on peut y trouver :

 

« Quelques recommandations autour du bénéficiaire du legs :

 

 Indépendamment des grandes associations connues, il existe de nombreuses associations de type loi de 1901 autour de l’église que des donateurs souhaitent quelquefois aider : toutes ne sont pas habilitées à recevoir des legs en exonération de droits de succession. Il faut donc s’en assurer. Dans la pratique des dossiers de succession sont bloqués, certains legs ne peuvent être délivrés parce que le bénéficiaire indiqué dans le testament n’est pas suffisamment bien déterminé ou n’a pas la capacité requise. »

 

Il est donc fortement conseillé de léguer à l’église et non aux associations « autour de l’église ». Le premier argument, faut-il s’en étonner, est fiscal grâce au privilège des associations cultuelles. Le deuxième est le risque de blocage du legs. Faire peur est toujours efficace...

 

« Eviter le « legs à mon curé » »

 

Pourquoi ce conseil sans autre explication ?

 

« Eviter le legs pour rénover l’église communale, à moins que ce soit pour le remplacement, l’embellissement du mobilier liturgique, la sonorisation, l’orgue, les bancs, le chauffage, car l’entretien proprement dit de l’église, propriété de la commune, relève de cette dernière. »

 

Ne peut-on pas considérer ce conseil comme scandaleux ? Pourquoi faudrait-il éviter de léguer son patrimoine afin de rénover des églises ?

 

« Legs à une congrégation religieuse : elles sont habilités à recueillir des legs et des donations en exonération de droits lorsqu’elles sont légalement reconnues. Mais un legs à l’association diocésaine peut être réalisé pour que cette dernière puisse promouvoir et favoriser le développement de la vie religieuse dans le diocèse. »

 

Le terme « éviter » n’est pas employé mais il est fort probable que le résultat soit le même, à savoir pousser à un legs au bénéfice exclusif de l’église catholique.

 

« Legs à la télévision catholique : il faut léguer à la « Fondation Notre Dame pour la télévision catholique, siège social à 75018 Paris, 7 rue Saint Vincent (reconnue d’utilité publique).

 

Il est pour le moins étonnant qu’une chaine de télévision religieuse appelée KTO puisse être financée par des legs exempts de tout droit de succession.

Créée en 1999 sous le nom de Société Internationale de Télévision et de Communication, avec des actionnaires prestigieux tels que Hachette, AXA, Studio canal, Lafarge, Belvision, elle a consommé quelques dizaines de millions de capitaux avant de passer en 2008 en association loi 1901. Sur son site internet, il est indiqué qu’après avoir failli cesser d’émettre en 2006 :

 

« Le moment était venu d’adopter un modèle de financement pérenne : l’appel aux dons et le statut juridique qui lui correspond : celui d’une association loi 1901. Depuis avec la même confiance que les ordres mendiants...KTO ne vit que de dons. KTO ne s’inquiète pas parce qu’elle sait pouvoir compter sur vous. »

 

On peut s’étonner que la forme associative soit considérée comme permettant un financement pérenne. De même, se comparer aux ordres mendiants semble légèrement exagéré quand on sait que l’Etat finance plus du tiers de ses charges.

Car sur le site internet de KTO , on trouve la phrase classique : « Un don de 48 euros me coûte 16 euros après déductions fiscales. »

Sont précisés naturellement les 66% d’avantage fiscaux sur l’IR et les 75% sur l’ISF.

 

Comment est-ce possible sachant que l’association KTO n’est pas reconnue d’utilité publique ? Il est indiqué que la Fondation KTO( on ne sait pas si elle est différente de l’association KTO), est placé sous l’égide de la fondation Notre Dame, et c’est naturellement la fondation Notre Dame et non la fondation KTO qui adressera au donateur un reçu fiscal. Pour recevoir des dons bénéficiant d’avantages fiscaux, il n’est donc nullement nécessaire d’être reconnue d’utilité publique. Faut-il s’étonner de voir exploser, depuis quelques années, le montant des dons déductibles de l’IR et de l’ISF ?

On peut également lire sur le site de KTO :

 

« ...Les français passent chaque jour trois heures devant la télévision. Les nouvelles générations sont celles de l’image. Comment passer à coté de ce puissant moyen de diffusion de l’évangile ? N’est-ce pas à nous de prendre les moyens pour qu’elles puissent faire grandir les hommes ? Leur donner envie de connaître le Christ, les Evangiles, son Eglise ?

 KTO, chaine de télévision gratuite, ne reçoit aucune subvention. Elle vit grâce à la générosité des chrétiens. Plus de 100.000 personnes soutiennent déjà la chaine et garantissent son indépendance et la qualité de ses émissions, tout en évitant que ses programmes soient envahis par la publicité. le coût des programmes est 125 fois inférieur à celui des autres chaines généralistes : 12 euros la minute tout compris !

C’est pourquoi la télévision catholique a besoin de trouver chaque jour que Dieu fait, les moyens de financer ses programmes ; nous avons confiance dans l’Esprit Saint et nous avons confiance en vous pour que vive et grandisse la télévision catholique. Pour que l’évangile puisse rayonner dans des millions de foyers, depuis les postes de télévision. »

 

Les responsables de cette télévision ont raison de faire confiance à l’Esprit Saint. Il leur a permis d’être couvert par une fondation reconnue d’utilité publique et d’être ainsi financé essentiellement par l’Etat.

 

Mais revenons à la brochure explicative « Legs-donations- assurances vie ».On peut y lire ces phrases étonnantes :

 

« Non, un legs à l’Eglise ne lèse pas votre famille.

Compte tenu des règles fiscales, tout en faisant un legs à l’Eglise, vos neveux peuvent recevoir le même montant qu’ils auraient eu sans ce legs. »

 

Incroyable, mais vrai. Cela mérite quelques explications.

On ne s’étonnera pas de trouver sur cette brochure un nombre important de modèles de testament destinés sans aucun doute à aider celles et ceux qui ne savent pas comment transmettre leur patrimoine.

Il y en a sept, qui permettent dans tous les cas de figure de léguer son patrimoine à l’église. En voici un exemple :

 

« - Tout léguer à l’Association diocésaine et faire des legs particuliers (à des neveux ou autres)

 

Ceci est mon testament qui révoque toute disposition antérieure.

Je soussignée Madame Claude Marie DURANT, veuve de Monsieur Jean Dupont, née à Boulogne sur Mer (Pas de Calais), le 15 janvier 1928, demeurant à GRAND (85000), 28 rue des Mésanges,

institue pour ma légataire universelle l’Association Diocésaine de..., dont le siège est à (adresse) à charge pour elles de délivrer les legs particuliers suivants, nets de frais et de droits :

Nature ou valeur : ................

 A Mr, Mme ou Mlle :...........................

Nature ou valeur :............................

 A Mr, mme ou Mlle :...........................

Fait à GRAND, le 3 janvier 2006

(signature)

 

NB : Dans ce cas la valeur léguée aux personnes ne doit pas dépasser ce qu’il leur serait revenu après impôts, si elles avaient reçu la totalité de l’héritage. »

 

Ce NB mérite une explication que l’on peut trouver sur le site du diocèse de Coutances et d’Avranches intitulée :

 

« UNE FORMULE ORIGINALE : FAIRE BENEFICIER VOS PROCHES ET L’EGLISE CATHOLIQUE

 

Il y a plusieurs façons d’aider l’Eglise en faisant un legs. Parmi d’autres, cette formule originale mérite d’être mieux connue. Ainsi à titre d’exemple, vous pouvez faire un legs à l’Eglise tout en privilégiant vos neveux (sans frais et droits particuliers). Il existe aujourd’hui une formule simple qui dégage vos proches de tous soucis.

 

Comparons à l’aide du tableau ci-dessous :

 

VOS NEVEUX SEULS

  

Vous disposez d’un patrimoine de 300.000 euros

Vous léguez tous vos biens à vos neveux en supposant qu’ils sont trois.  

Vos neveux paieront 45% de droits de succession, après un abattement personnel de 7818 euros et une réduction sur le montant à payer de 2 398 euros, soit dans notre cas, 122 446 euros.  

Il leur restera net en héritage 177 952 euros (hors frais d’actes).  

Tout le reste va à l’Etat. 

Dans ce cas, votre patrimoine produit en tout 177 952 euros pour vos neveux (et rien pour l’Eglise).

 

VOS NEVEUX ET L’EGLISE

 

Vous disposez d’un patrimoine de 300.000 euros 

Vous faites un legs universel à l’Eglise (Association diocésaine). L’Eglise reçoit le bénéfice de votre legs soit 300 000 euros nets (puisque l’Association Diocésaine est exonérée des droits de succession).

Mais vous souhaitez que vos neveux reçoivent la somme qu’ils auraient eue s’ils avaient hérité directement.

Dans votre testament, vous confiez à l’Association Diocésaine le soin de réserver un « legs particulier » (net de frais et de droits) à vos neveux. Ils toucheront donc 177 952 euros d’ « héritage ».

L’Association Diocésaine s’acquittera, à leur place, des droits de 45% après abattement et réduction, soit 67 126 euros (hors frais d’actes).

L’Eglise gardera pour elle 54 921 euros. 

Dans ce cas, votre patrimoine produit 177 952 euros pour vos neveux plus 54 921 euros pour l’Eglise. 

 

Note : s’il s’agit de parents plus éloignés (au delà du 4ème degré) ou de non-parents, les droits indiqués ci-dessus seront de 60% après abattement de 1 564 euros. Mais attention ! Cette formule n’est pas faite pour détourner la loi, et concerne prioritairement un soutien à l’Eglise. »

 

La démonstration est parfaite et ressemble à une « production  » miraculeuse au bénéfice de l’église. Faut-il s’étonner que l’église n’indique pas que, par cette « formule originale », c’est l’Etat qui est lésé de 54 921 euros ? Il est difficile d’imaginer que des croyants s’opposent à un tel montage puisque l’église leur prouve qu’il est transparent pour leurs héritiers. Ils ne font qu’une bonne action de plus comme le montre ces passages contenus dans la brochure sur les legs :

 

« Pour votre famille, un legs à l’Eglise est un acte chargé de sens, c’est un message de votre part, une affirmation de votre foi, de vos convictions profondes, de vos choix et de vos priorités au-delà de la mort. »

 

« Le testament, dans la Bible, c’est d’abord une alliance, un pacte :

Dans l’Ancien Testament, c’est l’Alliance conclue entre Dieu et son peuple Israël.

Dans le Nouveau Testament, c’est l’Alliance conclue par le Christ, entre Dieu et toute l’humanité,

c’est la nouvelle et éternelle alliance.

Dans une Alliance, chacun s’engage : « Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. »

Chacun donne et chacun reçoit.

Dieu aime le premier et il nous donne le premier.

Nous ne pouvons que lui rendre. »

 

Pour que le message soit bien compris, sont ajoutés des commentaires de testateurs et d’un prêtre :

 

« Ce que j’ai reçu, Dieu me l’a donné, je veux le lui rendre. »

« Dans ma vie l’Eglise m’a aidé : à ma mort, je L’aide pour qu’Elle vive. »

« Héritier du Christ, je lègue à mon tour à son Eglise. »

« Ce que j’ai reçu de l’Eglise, je Le lui rends. »

 

Un croyant sincère peut-il résister à de tels arguments ? Il faut rendre à Dieu ce qu’il nous a donné en faisant un testament au profit de l’église catholique.

Qui est responsable de cet énorme détournement d’impôts ? S’agit-il d’un abus de droit, d’autant plus que les sommes peuvent être considérables. Il n’est plus question de quelques dizaines ou centaines d’euros mais il peut être question de centaines de millions d’euros que l’Etat accepte de ne pas percevoir pour qu’ils soient portés au crédit des religions. Dans ce cas, faut-il noter également qu’il n’y a aucune participation directe du particulier ? Les montants perçus par l’église proviennent intégralement de l’Etat.

L’église catholique a parfaitement compris le bénéfice qu’elle peut tirer de cet avantage considérable.

On apprend sur le site de la Conférence des Evêques, que les diocèses ont créé un poste de « délégué-legs » :

 

« Depuis 2007, une large majorité de diocèses ont nommé un « délégué-legs » : spécialement mandaté par l’évêque, il a pour mission de promouvoir les legs à l’Eglise auprès des fidèles du diocèse. Ce n’est pas un spécialiste du règlement des successions mais plutôt un communicant.

La conférence des évêques de France a mis à disposition des « délégués-legs » un certains nombre d’outils : ces affiches, flyers, dépliants, panneaux, textes pour internet et pour d’autres supports...reprennent tous les mêmes visuels, mais peuvent être adaptés par chaque diocèse en fonction de ses besoins.

Des outils plus techniques- brochure explicative pour le grand public et pour les notaires...- sont également à la disposition des délégués-legs. Il appartient à chaque délégué-legs de déterminer ce qu’il lui parait le plus adapté à son diocèse : affichage, mailing, réunions d’information, page internet dédiée du site diocésain, rendez-vous avec les notaires, etc. »

 

Il semble difficile de douter de l’efficacité de telles actions qui se passent de commentaires. Il y a tout lieu de penser que les legs représentent pour l’église catholique des centaines de millions d’euros.

 

Les députés qui ont permis ce détournement d’impôts en connaissent-ils le montant ? En tout état de cause, il est impossible aujourd’hui de continuer à affirmer que l’état ne subventionne pas les religions : car si les informations précédentes concernaient l’église catholique, les religions protestantes, musulmanes et juives profitent également des mêmes avantages.

 

Est-ce à l’Etat de participer largement aux frais de fonctionnement des religions comme c’est le cas actuellement ?

 

Il semble nécessaire qu’un débat soit lancé sur ce sujet.

 

 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 23:45

 

Le 8 octobre 2010, recevant des cardinaux à Rome, le Président de la République Française a prononcé un discours qui ne respecte pas la Constitution et la Loi de 1905 concernant la séparation de l’Eglise et de l’Etat :

 

« La France n’oublie pas qu’elle a avec l’Église 2000 ans d’histoire commune et qu’elle partage avec elle, aujourd’hui, un trésor inestimable de valeurs morales, de culture, de civilisation qui sont inscrites au cœur de son identité.

 

L’Église avec les moyens spirituels qui lui sont propres, la République française avec les moyens politiques qui sont les siens, servent un grand nombre de causes communes.

 

Que veulent-elles ?
Elles veulent la justice.
Elles veulent l’équilibre.
Elles veulent la paix.
Elles veulent la fraternité.

 

Alors pourquoi ne se parleraient-elles pas ?
Pourquoi ne travailleraient-elles pas ensemble ?

Elles n’ont pas les mêmes responsabilités mais elles ont la même exigence contre tout ce qui porte atteinte à la dignité de la personne humaine.
C’est le devoir de l’Église envers tous les hommes.
C’est le devoir de la France envers tous les peuples.

Alors pourquoi ne réuniraient-elles pas leurs efforts ?

 

Je crois à la distinction du spirituel et du temporel comme un principe de liberté.
Je crois à la laïcité comme un principe de respect.


Mais l’Église ne peut pas être indifférente aux problèmes de la société à laquelle elle appartient en tant qu’institution, pas plus que la politique ne peut être indifférente au fait religieux et aux valeurs spirituelles et morales. Il n’y a pas de religion sans responsabilité sociale, ni de politique sans morale.

 

Alors pourquoi, chacune s’efforçant de comprendre l’autre et de la respecter, chacune restant à sa place et dans son rôle, mais conscientes qu’elles aient des idéaux communs, l’Église et la République française ne seraient-elles pas davantage aux côtés l’une de l’autre pour proposer à l’humanité un sort meilleur que celui qui lui semble promis aujourd’hui par l’accumulation de tant de déséquilibres et d’injustices ? ... » 

 

Le Président de la République Française a-t-il oublié une fois de plus que la France est depuis plus d’un siècle un pays qui ne reconnait aucun culte conformément à l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat ?

 

Il est particulièrement grave qu’un Président de la République confonde ses convictions religieuses avec celles de la France.

 

Le Président de la République Française a-t-il oublié une foi de plus que l’Etat Français n’a pas de religion et qu’il se doit d’être neutre dans son fonctionnement et dans son rapport avec les religions ?

 

La République Française veut-elle la même justice, le même équilibre, la même paix, la même fraternité que l’Eglise catholique ?

 

Faut-il rappeler que l’Eglise catholique interdit :

Le polythéisme, l’idolâtrie, la superstition, l’irréligion, l’athéisme, l’agnosticisme, le blasphème, l’avortement, l’euthanasie directe, l’adultère, la pornographie, la prostitution, les actes homosexuels, la stérilisation, la contraception, l’insémination artificielle, la fécondation artificielle, le divorce, la cohabitation, le concubinage, l’acte sexuel avant ou en dehors du mariage.

 

Est-cela le « trésor inestimable de valeurs morales » ?

 

La France doit-elle se servir de ces interdictions pour définir ce qu’est la justice, l’équilibre, la paix et la fraternité ?

 

La France et l’Eglise catholique ont-elles la même notion de la dignité de la personne humaine quand on lit ces interdictions ?

 

Ces interdictions sont extraites du dernier document de catéchisme de l’Eglise catholique datant de 2005, élaboré sous la direction du cardinal Ratzinger et validé par la majorité des cardinaux et des présidents des Conférences épiscopales, dans lequel on trouve aussi :

 

« Le plus grand désir de l’homme, c’est de voir Dieu. C’est le cri de tout son être : « Je veux voir Dieu. » En effet l’homme réalise son bonheur vrai et total dans la vision et la béatitude de celui qui l’a créé par amour et qui l’attire à lui dans son amour infini. »

« Même si la foi est au-dessus de la raison, il ne pourra jamais y avoir contradiction entre la foi et la science, parce que l’une et l’autre ont Dieu pour origine. C’est Dieu lui-même qui donne à l’homme la lumière de la raison et la foi. »

« Le monde a été créé pour la gloire de Dieu... »

« L’homme a été créé pour connaitre, servir et aimer Dieu... »

« Le chrétien doit témoigner de la vérité évangélique dans tous les domaines de son activité publique et privée, même au prix du sacrifice de sa vie, si cela est nécessaire. Le martyre est le témoignage suprême rendu à la vérité de la foi. »

 

Est-ce pour respecter ce devoir qu’en janvier 2008 Nicolas Sarkozy a prononcé un discours, en Arabie Saoudite, où il affirmait, au nom de la France :

 

« Finalement, le Dieu unique des religions du Livre, Dieu transcendant qui est dans la pensée et le cœur de chaque homme.

Dieu qui n’asservit pas l’homme, mais le libère.

Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes.

Dieu qui par delà toutes les différences ne cesse de délivrer à tous les hommes un message d’humilité et d’amour, un message de paix et de fraternité, un message de tolérance et de respect… »

 

La morale nécessaire à la politique doit-elle s’inspirer de la morale prônée par L’Eglise catholique ?

 

L’Etat Français et l’Eglise catholique ont-ils des idéaux communs qui, rassemblés, permettraient à l’humanité d’envisager un avenir meilleur ?

 

La France est composée essentiellement de catholiques, de protestants, de musulmans, d’agnostiques et d’athées.

 

Tous ces hommes et ces femmes n’ont pas la même notion de la justice, de l’équilibre, de la paix, de la fraternité et de la dignité de la personne humaine.

 

On ne peut pas promulguer des lois comme celle interdisant les signes religieux dans les écoles publiques et en même temps faire la promotion publique d’une religion, surtout quand on a été élu Président de la République Française.

 

Nicolas Sarkozy, dans de nombreux discours, ne respecte pas l’article 1er de la Constitution Française qui stipule :

 

« La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances... »

 

Faut-il rappeler l’avis du Conseil d’Etat du 3/05/2000, Dlle Marteau, qui stipulait :

 

« 1°) Il résulte des textes constitutionnels et législatifs que le principe de liberté de conscience ainsi que celui de la laïcité de l’Etat et de neutralité des services publics s’appliquent à l’ensemble de ceux-ci ;

 

2°) Si les agents du service de l’enseignement public bénéficient comme tous les autres agents publics de la liberté de conscience qui interdit toute discrimination dans l’accès aux fonctions comme dans le déroulement de la carrière qui serait fondée sur leur religion, le principe de laïcité fait obstacle à ce qu’ils disposent, dans le cadre du service public, du droit de manifester leurs croyances religieuses ;

Il n’y a pas lieu d’établir une distinction entre les agents de ce service public selon qu’ils sont ou non chargés de fonctions d’enseignement ;

 

3°) Il résulte de ce qui a été dit ci-dessus que le fait pour un agent du service de l’enseignement public de manifester dans l’exercice de ses fonctions ses croyances religieuses, notamment en portant un signe destiné à marquer son appartenance à une religion, constitue un manquement à ses obligations ;

Les suites à donner à ce manquement, notamment sur le plan disciplinaire, doivent être appréciées par l’administration sous le contrôle du juge, compte tenu de la nature et du degré de caractère ostentatoire de ce signe, comme des autres circonstances dans lesquelles le manquement est constaté ;

 

Le présent avis sera notifié au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, à Mlle Julie MARTEAUX, au ministre de la fonction publique et de la réforme de l’Etat et au ministre de l’éducation nationale ;

Il sera publié au Journal officiel de la République française. »

 

Le Président de la République Française n’est pas un agent de l’Etat. Il en est le chef, il parle au nom de la France, en particulier à l’étranger. A ce titre, il n’a pas le droit de « manifester ses croyances religieuses. »

 

Il est particulièrement grave qu’un Président de la République ne respecte pas une loi aussi importante que celle concernant la séparation des Eglises et de l’Etat ainsi que la Constitution Française.

 

Faut-il rappeler que, selon l’Eglise catholique, le citoyen ne doit pas, en conscience, obéir quand les prescriptions des autorités civiles s’opposent aux exigences de l’ordre moral qu’elle a défini :

« Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes »

 

En se situant au-dessus des lois de la République et en ne les respectant pas, on peut se demander si Nicolas Sarkozy n’est pas dans la stricte application de ce commandement.

 

Le Président de la République Française n’est pas élu pour parler de Dieu et pour sauver le monde comme s’il était détenteur d’une mission divine.

 

Un Président de la République n’est pas élu pour glorifier une religion qui prétend être le « sel de la terre » et la « lumière du monde » et qui par ses interdictions s’opposent à la liberté de pensée et de conscience, ainsi qu’aux lois de la République.

 

La liberté religieuse est un des fondements de notre démocratie mais un état laïc impose qu’aucune religion ne soit favorisée et que ceux qui le représentent, en particulier son chef, soient d’une totale neutralité dans leur fonction publique.

 

Les manquements à cette neutralité sont condamnés par les tribunaux administratifs quand il s’agit d’agents de l’Etat. Son chef ne peut pas l’être...

 


 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 18:57

 

On attend d’un livre d’histoire qu’il nous informe sur la réalité des temps passés. A ce titre, il a les mêmes fonctions qu’un dictionnaire. On doit pouvoir le consulter sans avoir à se demander si les faits qui y sont relatés correspondent à la réalité ou non. Ils doivent être une source d’informations rigoureuses et exactes.

Les Editions Larousse ont publié en 2006, une encyclopédie en 5 volumes, grand format, intitulée « Histoire du monde  », qui doit être rééditée prochainement. Ces ouvrages, suivant les propres termes de l’éditeur, « proposent une vision panoramique des évènements les plus importants qui, dans chaque grande aire de civilisation, ont marqué l’histoire du monde ».

Les évènements historiques y sont classés par période et par région du monde.

Le premier tome est consacré à l’Antiquité avec une préface écrite par Claude Mossé, professeur émérite à l’université de Paris VIII et directrice scientifique de ce tome, dans laquelle on peut lire :

 

« Entre 1400 et 1200 (avant J.-C.), l’Egypte traverse une grave crise religieuse sous le règne d’Akhénaton, le pharaon adorateur du soleil. C’est aussi à ce moment qu’un petit peuple nomade, venu du centre de l’Asie, se retrouve asservi en Egypte ; il se libérera sous la conduite de Moïse, qui saura s’attirer les faveurs du pharaon. Belle histoire, qui fonde « l’élection » du peuple juif et donnera naissance, quelques siècles plus tard, à la première religion monothéiste… »

 

Or il n’existe à ce jour, malgré les innombrables recherches archéologiques, aucun élément ayant permis de trouver une seule confirmation de cette histoire. De plus, l’esclavage n’existait pas en Egypte à cette époque. Personne n’a jamais découvert la moindre trace de Moïse et d’un peuple juif, esclave d’un pharaon. Sa seule source se trouve dans la Bible qui est donc considérée ici comme historiquement fiable. Or actuellement, aucun historien sérieux n’utilise la Bible comme base historique.

Faut-il rappeler ce qu’ont écrit les archéologues Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman dans leur livre « La Bible dévoilée  » :

 

«  La saga historique que nous conte la Bible - depuis la rencontre entre Dieu et Abraham, qui incita ce dernier à émigrer vers Canaan, jusqu’à la libération des enfants d’Israël du joug de la servitude, sous la conduite de Moïse, suivie de l’émergence et de la chute des royaumes d’Israël et de Juda – ne doit rien à une quelconque révélation miraculeuse ; elle est le brillant produit de l’imagination humaine.  »

 

Ces archéologues dont le premier dirige l’Institut d’archéologie de l’université de Tel-Aviv, ne peuvent pas être soupçonnés de vouloir nier l’histoire du peuple juif, étant juifs eux-mêmes. Ils ne font que rapporter la réalité des faits.

Les Editions Larousse ne se livrent donc pas à une simple déformation de la réalité mais à une présentation comme historique de « faits » qui ne se sont jamais déroulés.

Dans ce premier tome, la période 1400-1200 avant J.-C. comprend 20 pages pour l’histoire du monde entier dont la présentation sur la première page est la suivante :

 

« Vers 1300 avant J-C, quand Ramsès II monte sur le trône d’Egypte, un peuple nouveau fait son entrée dans l’histoire du monde. Après avoir fui l’Egypte, les Hébreux se lancent à la conquête du pays de Canaan, « un heureux pays, pays de torrents et de sources d’eaux qui sourdent de l’abîme dans les vallées comme dans les montagnes, pays de froment et d’orge, de vigne, de figuiers et de grenadiers, pays d’oliviers, d’huile et de miel ». Ils y imposent la croyance en un seul Dieu.  »

 

On ne peut être qu’étonné de lire que, pendant cette période, l’histoire du monde se résumerait à ce qui se serait passé au Moyen Orient avec pour évènement essentiel, la naissance d’un peuple, les Hébreux, qui imposerait le monothéisme. Un tel évènement aurait dû laisser des traces. Or elles sont totalement inexistantes.

On peut être étonné également d’y trouver l’extrait d’un discours de Moïse dans la Bible (Deutéronome 8,7-8) pour décrire le pays de Canaan.

Pour les auteurs de cette encyclopédie, les Hébreux étaient en Egypte à cette époque et ils leur consacrent un chapitre entier dont le titre est : « Proche Orient, Les origines des Hébreux » et qui commence ainsi :

 

« En 1336 avant notre ère, les Hébreux font leur entrée dans l’histoire avec une inscription égyptienne du règne de Mineptah, premier document écrit concernant Israël.  »

 

En réalité, le règne de Mineptah, appelé aussi Mérenptah, s’est déroulé entre -1213 et -1204 et non en -1336. Une telle erreur est pour le moins gênante dans un livre d’histoire sauf si on cherche à tout prix à faire concorder des dates avec certaines indications de la Bible. Par contre il est exact que de nombreux archéologues considèrent que l’on a trouvé pour la première fois un texte écrit qui mentionnerait le nom d’Israël.

Il s’agit d’une stèle datant du début du XIV ème siècle avant J-C dont le dos a été gravé avec des hiéroglyphes en -1208 pour célébrer les victoires du pharaon Mineptah. Elle a été découverte en 1896 par un Anglais, Flinders Petrie.

Claire Lalouette, égyptologue, en donne une traduction intégrale dans son livre « L’empire des Ramsès  ». Le passage qui serait le premier document concernant Israël est le suivant :

 

« Une grande joie est advenue en Egypte et la jubilation monte dans les villes du Pays bien-aimé. Elles parlent des victoires qu’a remporté Mérenptah sur le Tjehenou…

Défait est le pays des Tjehenou.

Le Hatti est paisible.

Canaan est dépouillé de tout ce qu’il avait de mauvais.

Ascalon est emmené.

Gezer est saisie.

Yenoam devient comme si elle n’avait jamais existé.

Israël est détruit, sa semence n’est plus.

La Syrie est devenue une veuve pour l’Egypte.

Tous les pays sont unis ; ils sont en paix…  »

 

Le terme « Israël » vient de la traduction d’hiéroglyphes à valeur phonétique réalisée par Flinders Petrie lui-même, à savoir :

 

«  isrAr  »

 

Ces cinq lettres sont les seuls et uniques éléments à la disposition des historiens, qui permettent de prétendre que les Hébreux feraient leur entrée dans l’histoire. Et ce serait en dehors de l’Egypte. Rien d’autre n’a été découvert à ce jour. Il faut savoir que les seules données archéologiques de leur présence dans ce pays datent du VI ème siècle avant J.-C., soit sept siècles plus tard sur l’île d’Eléphantine.

Ce chapitre qui résume la Genèse et l’Exode contenus dans la Bible présentent également deux encadrés.

Le premier concerne les ancêtres d’Israël :

 

«  La Bible appelle « patriarches » les premiers descendants d’Adam et Eve, célèbres pour l’âge fabuleux que chacun d’eux a atteint. Ces premiers hommes commettent faute sur faute, le premier crime étant celui de Caïn, qui tua son frère Abel. A cause de ces fautes, le Seigneur se repentit d’avoir créé l’homme sur la terre » et détruisit sa création. Ici se situe le célèbre épisode du déluge et de l’arche de Noé, seul homme à trouver grâce devant l’Eternel. Les races humaines descendent des fils de Noé : Cham, Japhet et Sem, ce dernier étant l’ancêtre d’Abraham et des Sémites. »

 

Ainsi, au début du XXIème siècle, dans une encyclopédie historique Larousse, on reprend le concept des races issues des fils de Noé. Une telle affirmation est consternante de la part d’historiens. Faut-il rappeler que la Bible n’en fait nullement mention et qu’il a été créé par les musulmans et les chrétiens dans l’unique objectif de justifier l’esclavage des noirs ?

Le deuxième encadré concerne la Bible :

 

« La Bible est le best-seller absolu. Or, si elle raconte une histoire, elle est loin d’être un livre d’histoire. L’HISTORICITE DE LA BIBLE Ses auteurs se soucient peu d’historicité, mais veulent avant tout faire connaître la volonté de Dieu. Ils utilisent des sources différentes, venues de plusieurs tribus, empruntent des mythes aux peuples qu’ils rencontrent, sans se soucier des invraisemblances ou des anachronismes. La tradition orale est très ancienne, mais le texte n’a été fixé que très tardivement. La découverte des manuscrits de la mer Morte a fait progresser notre connaissance des textes, mais c’est l’archéologie qui fournit les apports les plus précieux, infirmant ou corroborant le récit biblique.  »

 

Il est donc précisé que la Bible ne serait pas un véritable livre d’histoire mais que l’archéologie permettrait, parfois, d’accréditer le récit biblique tout comme le pourraient les manuscrits de la mer Morte. Une telle affirmation est totalement fausse. Non seulement, aucune recherche archéologique n’a permis d’attester le récit biblique de cette époque, mais les fameux manuscrits de la mer morte, ayant été écrits entre 250 ans avant J.-C. et 28 ans après J.-C., ne peuvent absolument pas confirmer ou infirmer des évènements qui auraient eu lieu dix siècles avant. Quand on affirme que la Bible n’est pas un livre d’histoire mais que l’on prétend en même temps, que certains de ses récits correspondraient à la réalité, on travestit la vérité et l’on permet à la croyance en Dieu d’être justifiée.

Car quand on lit dans une histoire du monde publiée par Larousse, des passages tels que :

 

« …Il n’est pas certain qu’Abraham ait réellement existé ; son nom a peut-être été recréé à partir du mot « hébreu » pour donner à ce peuple un ancêtre mythique. Les sources non bibliques confirment le déplacement de patriarches, ces ancêtres dont parle la Genèse, depuis la cité d’Our en Mésopotamie jusqu’en pays de Canaan… »

« …Originaire de la tribu de Lévi, Moïse est le premier personnage de la Bible dont l’existence soit à peu près certaine ; il aurait vécu à l’époque de Ramsès Ier (mort en 1312 av J.-C.), mais plus probablement vers 1250…  »

 

On ne peut être qu’enclin à considérer que ceux qui prétendent que la Bible est une fable, sont des ignorants ou des menteurs. Comment peut-on prétendre que l’existence de Moïse est à peu près certaine alors qu’aucune recherche archéologique n’en a jamais trouvé la moindre trace ?

On trouve également dans cette encyclopédie un chapitre intitulé «  Proche Orient, Adam et Eve  ».

Le texte principal et les textes d’explications des illustrations représentant des tableaux anciens dépassent l’entendement, car la Bible y est reproduite sans aucune indication sur l’irréalité du récit. Comment expliquer la présence d’Adam et Eve dans un livre d’histoire ? Il aurait été acceptable de présenter Adam et Eve comme une croyance ayant duré jusqu’au XIXème siècle. Mais, ne reproduire que la Bible oblige à penser qu’ils ont réellement vécu.

Adam et Eve font ainsi partie de l’histoire du Proche Orient. On est loin de la définition du mot « histoire » dans le dictionnaire Larousse : « Science qui étudie le passé de l’humanité, son évolution. »

Après la période 1400-1200, suit l’étude de la période 1200-970 avant J.-C. On y trouve 20 pages pour retracer l’histoire du monde. L’histoire des Hébreux continue sur quatre d’entre elles et commence ainsi :

 

«  Proche Orient. Les Hébreux en Terre promise. Il faudra près de deux cents ans aux hébreux pour prendre la Terre promise aux populations qui y sont installées. La conquête est menée par des « Juges », chefs de tribus chargés de faire régner la paix.  »

 

Là encore, le texte résume la Bible avec la vie de David, dans un royaume riche et prospère. La Bible devient un véritable livre d’histoire et aucune mention ne vient préciser son manque total d’historicité.

On peut s’étonner que la période choisie s’arrête en 970 et non pas en 1000 par exemple. Elle doit correspondre à un évènement très important. L’explication est toute simple, la date de -970 correspond à la fin du chapitre sur les Hébreux :

 

« A sa mort, en 970 avant notre ère, David est assez puissant pour faire reconnaître Salomon comme roi de l’ensemble des tribus. »

 

La mort de David supposée en 970, sachant qu’aucune recherche archéologique n’a permis de corroborer cette date, clôture ainsi une période de l’histoire du monde.

La période suivante est 970-800 avant J.-C. Elle comprend 20 pages dont quatre consacrées au « Proche-Orient, le Royaume Juif » qui commencent ainsi :

 

« Dans la Bible, les « Livres des Rois » racontent l’histoire du règne de Salomon et de ses successeurs, dont les épisodes « merveilleux » sont des témoignages de l’intervention divine.  »

 

Toute cette période est résumée en s’inspirant exclusivement de la Bible. La question est encore une fois de savoir si elle peut représenter une source historique fiable.

Or quelle est la réalité des dernières recherches archéologiques ? On la trouve dans le livre « Les rois sacrés de la Bible, à la recherche de David et Salomon  », d’Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman :

 

« L’écart entre l’art et la littérature, d’un côté, et les données historiques et archéologiques, vérifiables et documentées, de l’autre, nous ont conduits à prendre les mythes fondateurs pour ce qu’ils sont : des visions partagées d’anciennes identités communautaires, exprimées avec puissance et talent, dignes d’intérêt, certes, mais qu’il serait faux d’interpréter de façon littérale comme des exposés fiables de véritables évènements. C’est le cas de David et Salomon, introduits dans le récit biblique comme les pères fondateurs de l’ancien Etat israélite. Pourtant, nous pouvons l’affirmer aujourd’hui- et nous le prouverons avec une abondance de détails dans cet ouvrage-, la plupart des célèbres épisodes de l’histoire biblique de David et Salomon sont soit fictifs, soit douteux sur le plan historique, soit considérablement exagérés. Dans les chapitres qui vont suivre, nous démontrerons, preuves archéologiques à l’appui, qu’il n’y a jamais eu de monarchie israélite unifiée comme celle décrite par la Bible… Sur toute la période située entre le XVIème siècle et le VIIIème siècle avant notre ère, Jérusalem n’a livré aucun indice qui puisse permettre de penser qu’elle ait été une opulente cité, la capitale d’un vaste royaume. Les données suggèrent clairement qu’elle n’était qu’un gros village, dont les habitants, peu nombreux, vivaient sur la partie nord du promontoire, près de la source de Gihon. A en juger par le seul point de vue de l’archéologie, Jérusalem, durant tout cet intervalle multiséculaire- comprenant les règnes de David et Salomon- n’était probablement rien de plus qu’une bourgade, plutôt pauvre, non fortifiée, nichée au sommet d’un promontoire, couvrant une superficie d’environ un hectare et demi, au maximum deux… En termes historiques, cela signifie que les villes que David était supposé avoir conquises étaient encore des centres de culture cananéenne durant toute la durée de son règne présumé à Jérusalem. Quant aux monuments attribués à Salomon, témoins présumés de la grandeur de son Etat, ils ont été en réalité construits par les rois de la dynastie Omride, qui régnaient sur le royaume israélite du Nord durant la première moitié du IXème siècle. Par conséquent, l’archéologie, loin d’avoir démontré la fiabilité historique du récit biblique, nous a au contraire contraints à réévaluer radicalement la nature de la société de Juda et d’Israël au Xème siècle avant notre ère.  »

 

Ainsi les dernières recherches archéologiques sont sans équivoques : la Bible ne peut servir de base historique pour décrire les époques de David et Salomon. Dans le passé, certains pouvaient douter d’une telle affirmation car elle reposait sur l’inexistence d’informations. Aucune recherche ne confirmait ni n’infirmait la Bible. Aujourd’hui par contre, toutes les découvertes avec des datations précises démontrent, sans ambiguïtés, son caractère imaginaire.

Il faut noter que de nombreux croyants s’opposent fermement aux démonstrations des archéologues et cherchent par tous les moyens à décrédibiliser leurs découvertes. Il leur est impossible d’accepter que la Bible ne décrive pas des faits réels.

Il n’est pas contestable d’affirmer que la Bible a influencé l’histoire du monde.

Il n’est pas contestable de la mentionner comme étant le fondement de la vie de nombreux peuples depuis son écriture au VIIème siècle avant J.-C.

Par contre, l’utiliser aujourd’hui pour décrire dans le détail l’histoire du Proche-Orient dans l’antiquité relève de la falsification. Il n’est pas acceptable de faire des Hébreux un peuple, qui aurait marqué l’histoire de l’antiquité dans le monde, quand on sait que cela ne repose sur aucune réalité. Au début de notre ère, la terre était peuplée d’environ 250 millions d’habitants, les Hébreux n’étaient que quelques dizaines de milliers et pratiquement aucun texte ne parle d’eux.

Pendant des siècles, on a cru que la terre était plate et qu’elle était le centre de l’univers. On a découvert un jour que tout cela était faux et la connaissance du monde a pu commencer à se développer.

Pendant des siècles, on a cru que ce qui était raconté dans la Bible était vrai. On a découvert depuis des dizaines d’années que tout cela était faux. Continuer à utiliser la Bible comme une référence historique devrait relever maintenant de la révision historique et du prosélytisme religieux.

Qu’une encyclopédie de l’histoire du monde proposée par les Editions Larousse, participe à cette désinformation est particulièrement grave. Quand on lit ce genre d’ouvrage, on ne doit pas se poser de questions sur la véracité des faits qui y sont exposés. On ne doit pas douter de la fiabilité et de l’objectivité de ce qui y est écrit. Ce n’est malheureusement pas le cas et le pire est de constater que personne n’en a contesté le contenu.

Quel est le but poursuivi par les Editions Larousse et Claude Mossé en particulier, en donnant aux Hébreux une importance dans l’antiquité qu’ils n’ont jamais eu et en accordant à certains passages de la Bible une réalité historique dont il a été prouvé qu’ils relevaient de l’imagination humaine ?

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 11:41

Jamais, les hommes n'ont eu accès à des informations aussi abondantes et aussi facilement accessibles qu'aujourd'hui.

 

Internet est devenu une formidable source de savoirs, disponibles en temps réel. Cette quantité phénoménale d'informations devrait permettre d'améliorer nos connaissances dans tous les domaines, mais aussi nous aider à nous poser des questions sur nos certitudes.

 

Comment ne pas constater que c'est loin d'être le cas.

 

La principale raison est que, très souvent, des informations sont considérées comme crédibles, alors qu’elles sont le fruit d'une déformation ou d’une falsification de la réalité.

 

En 1988, JF REVEL définissait dans son livre, " La connaissance inutile", ce que devait être un comportement scientifique:

 

" Se comporter scientifiquement, autrement dit en réunissant rationalité et honnêteté, c'est ne se prononcer sur une question qu'après avoir pris en considération toutes les informations dont on peut disposer, sans en éliminer aucune à dessein, sans en déformer ni en expurger aucune, et après en avoir tiré de son mieux et de bonne foi les conclusions qu'elles paraissent autoriser."

 

Ce comportement scientifique est malheureusement devenu très rare aujourd'hui et le mensonge, au service d'intérêts divers, est devenu la norme. Personne ne s'est offusqué quand Yann Arthus-Bertrand, interrogé lors d’une émission de télévision sur les contre-vérités du film d’Al Gore sur le climat, a affirmé :

 

« Mentir est nécessaire quand c’est pour la bonne cause. »

 

Face à ce type d'attitude généralisée, il est important de pouvoir vérifier les informations qui nous sont communiquées.

 

Le but de ce blog est ainsi de faire le point sur les croyances, les idéologies, mais aussi certaines déclarations publiques d'experts ou de dirigeants, à partir de faits et de documents incontestables.

 

Il y a quelques mois, dans le même esprit, j'ai publié un livre "Dieu et les religions à l'épreuve des faits" afin de montrer que les informations qui circulent sur ces questions sont loin de correspondre à la réalité. Plus de 40.000 personnes l’ont déjà lu. Ce sont ces lecteurs qui en assurent la diffusion en le proposant à leurs amis et connaissances. Je tiens à les en remercier. Ce livre peut être téléchargé gratuitement sur ce blog.

 

Je proposerai régulièrement de nouveaux textes dont la seule ambition est d’apporter des informations fiables sur des sujets qui nous concernent tous. Si vous désirez être informés de leur publication par email, vous pouvez indiquer votre adresse dans la rubique "newsletter".

 

 

 

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